L’âge d’or des studios
Le 18 novembre 2013
Adaptation phare du roman de Flaubert, le film de Vincente Minnelli est un modèle de mélodrame de l’ère des studios hollywoodiens. Jennifer Jones y trouve son meilleur rôle.
- Réalisateur : Vincente Minnelli
- Acteurs : James Mason, Alf Kjellin (Christopher Kent), Louis Jourdan, Jennifer Jones, Van Heflin
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metro-Goldwyn-Mayer
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 1h54mn
- Date de sortie : 11 octobre 1950
L’argument : Flaubert raconte, devant un tribunal, l’histoire de son roman. Emma Bovary, femme d’une grande beauté et d’aspiration romantique, s’ennuie dans sa monotone existence d’épouse du médecin de campagne Charles Bovary. Après avoir succombé aux charmes de Rodolphe, un aristocrate qui la délaisse pour partir en Italie, Emma se lance à corps perdu dans une liaison brûlante avec Léon Dupuis, un ami de son mari...
Notre avis : La Madame Bovary de Minnelli est l’une des meilleures adaptations du roman de Flaubert au cinéma, surpassant sans peine les médiocres versions de Jean Renoir (1934, avec Valentine Tessier) et Claude Chabrol (1991, avec Isabelle Huppert). Choisissant la mise en abyme avec un prologue qui met en scène le procès de l’auteur (James Mason), Minnelli octroie aux propos défensifs de Flaubert le statut de voix off, qui pourra dans les premières minutes passer pour une pesante explication de texte scolaire. Très vite, le procédé se fait plus discret et Minnelli filme alors un (mélo)drame flamboyant, portrait universel d’une éternelle insatisfaite, prise au piège de son sentimentalisme et de la vie de conte de fées qu’elle s’était imaginée. Jennifer Jones, épouse du producteur David O’Selznick, et star de la MGM, firme productrice du film, trouve ici l’un de ses plus beaux rôles. Loin de l’animale sensibilité qu’elle avait déployée dans Duel au soleil (K. Vidor, 1946), l’actrice incarne avec finesse cet être « superficiellement superficiel », passant de l’insouciance à la gravité.
Cela fait écho à d’autres portraits similaires du 7e art, de Scarlett O’Hara à Madame de.... Le film comporte d’ailleurs, lui aussi, une scène de bal, sommet de l’élégance hollywoodienne, et que Minnelli traite avec la même virtuosité que ses comédies musicales. Respectant le cahier des charges de la MGM et la qualité d’un certain classicisme de l’âge d’or (l’envoutante musique de Miklos Rosza, les décors grandioses de Cedric Gibbons), le cinéaste se les approprie et n’en reste pas moins fidèle à son style et son univers, la névrose d’Emma anticipant les tourments des personnages de La toile d’araignée ou Comme au torrent. Minnelli confirme par ailleurs qu’il est un excellent directeur d’acteurs. Si Louis Jourdan (Rodolphe) et Christopher Kent (Léon) sont un peu pales, mais correspondent à leurs personnages, Van Heflin en mari désorienté, Frank Allenby en banquier véreux ou Henri Letondal en créancier libidineux forment une étonnante galerie des faiblesses humaines.
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Claude Rieffel 18 novembre 2013
Madame Bovary - la critique de l’adaptation de Minnelli
La plus belle adaptation du roman de Flaubert reste, de très loin, celle de Renoir, chef d’oeuvre méconnu (et partiellement défiguré par un remontage qui l’a réduit de moitié) parvenant à faire revivre comme peu d’autres un monde d’avant l’invention de la photographie. La séquence des Comices agricoles en particulier, y est extraordinaire. La version de Minelli est raffinée et luxueuse mais le plus souvent bien toc et redondante malgré de beaux moments. Elle ne tient la route que grâce à l’interprétation exceptionnelle de Jennifer Jones.