Unhappy together
Le 21 janvier 2018
Qu’on le déteste ou qu’on l’adule, Honoré continue de surprendre mais cette fois rate son coup.
- Réalisateur : Christophe Honoré
- Acteurs : Isabelle Huppert, Louis Garrel, Emma de Caunes, Dominique Reymond, Joana Preiss, Olivier Rabourdin, Philippe Duclos
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gémini Films
- Durée : 1h50mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 19 mai 2004
Résumé : Pierre a dix-sept ans et n’est pas un ado comme les autres. Les minettes de son âge ? C’est pour les branleurs. Lui, il aime sa mère. Sauf que sa mère n’a rien d’une sainte. Du coup, elle va lui montrer son vrai visage et l’emmener dans une descente aux enfers comme il les aime. Trash quoi.
Critique : Il est loin le temps du Souffle au cœur, le subtil marivaudage de Louis Malle qui abordait le thème de l’inceste avec une sensibilité autrement plus fine. Artiste polyvalent (écrivain, journaliste, cinéphile, cinéaste) et émérite, Christophe Honoré possède un univers et un style qui lui sont propres et ont donné lieu à 17 fois Cécile Cassard, un premier long métrage intéressant qui narrait le triste destin d’une femme (Béatrice Dalle) ayant perdu son mari et abandonné son enfant. Sujet austère, rigueur souhaitée, sobriété efficace. On y découvrait alors un sens de l’atmosphère, un goût pour les ambiances ténébreuses, une utilisation intelligente de la musique, une faculté à composer de beaux cadres, d’organiser intelligemment l’espace...
Ce sont bizarrement toutes ces qualités qui font défaut à cette adaptation du roman éponyme posthume de Georges Bataille. Si Honoré réussit parfois à transposer visuellement la verve provocatrice de l’écrivain (on est loin de la pauvre adaptation du roman La mécanique des femmes de Louis Calaferte par Jérôme de Missolz), les errements inutiles, les faux instants de poésie mais surtout le racolage et la complaisance de cette chronique désenchantée épuisent les résistances du spectateur. Les personnages (trop nombreux) sont figés dans des codes bien définis. Les interprètes (trop inégaux) adoptent tous une expression monocorde. La mise en scène (trop chichiteuse) se contente de zoomer. Sans ces écueils, Honoré aurait pu signer un film coup de poing digne de J’irai comme un cheval fou (on pense rapidement à Pasolini, Buñuel et surtout Arrabal).
On peut éprouver une sorte de fascination ou rejeter en bloc cette métaphore trash du passage à l’âge adulte. Mais qu’on déteste ou qu’on adule, Christophe Honoré continue de surprendre. Tout en saluant son courage, on attendra son prochain long et on oubliera vite ce vomitif transgressif qui ne recule devant aucune limite pour faire tache.
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Thomas 29 juin 2004
Ma mère - Christophe Honoré - critique
Ma Mère est en quelque sorte le pendant dyonisiaque de Elephant. Bien entendu tout sonne faux ; bien entendu les acteurs sont monocorde, stéréotypés, archétypaux ;bien entendu la musique n’est pas là où elle devrait être ; bien entendu la mise en scène semble artificielle. Mais tout cela révèle quelque chose de bien plus vrai. Les deux films semblent faire du neuf avec du vieux ; en fait, ils dynamitent les codes cinématographiques et réinventent un nouveau cinéma. Vomissable, oui. Vomitif, non.Pur public avertit ou non. Ces films sont dérangeant car ils ne jugent pas, ils ne glorifient ni ne plaignent ni ne dénoncent les personages. Ils montrent la liberté dans ses extrèmes, l’union inextricable de la vie et de la mort. Et ils refusent les réponses... La principale qualité de ces films est là : les spectateurs ne sont pas pris pour des imbéciles. Faut-il encore que ceux-ci soient à la hauteur...
En bref : Le plus beau film qui m’ait été donné de voir...
babay 25 mai 2005
Ma mère - Christophe Honoré - critique
Autant j’aime les films décalés, parfois violent, à la frontière du glauque autant Ma Mère restar pour moi un de mes pires moments de cinéma !
Isabelle Huppert est une grande actrice, personne ne le conteste, elle joue à meirveille les femmes brisées, déjantées, blessées etc. Sa prestation dans la Pianiste et le film en lui même, bien que très glauque m’avait impressionnée.
Dans Ma mère, on ne peut pas dire qu’elle joue mal mais je trouve le film mauvais. Très choquant tout d’abord. On touche là à des rapports mère / fils qui sont malsains au plus haut point. De plus, je comprends bien la volonté de faire réagir le spactateur, mais est-il besoin de montrer un fils se faisant lécher le derrière devant sa mère ? Pire que les images c’est la perversité qui se dégage du propos de Christophe Honoré qui est choquante et à peine tolérable.
Ce film fera désormais parti de ma black list, des films gratuits qui vont trop loin.
pourtant j’avais vraiment beaucoup aimé 17 fois Cécile Cassart...
Pierre Ajack-Dugant 28 décembre 2010
Ma mère - Christophe Honoré - critique
Grâce à un trio d’acteurs impeccables (Garrel, Huppert, De Caunes), Ma Mère échappe à la vulgarité et à la gratuité. La mise en scène d’Honoré, inventive, à la frontière du fantasme et du réel, épouse parfaitement la difficulté du sujet. La deuxième partie baigne un peu dans l’amateurisme, mais ne sombre jamais dans le grotesque.
La difficulté à voir le film ne tient donc pas, comme on a pu le suggérer, à un manque d’inventivité de la part d’Honoré (ou pire, à une volonté délibérée de mettre mal à l’aise). Elle tient seulement à ce que le tabou de l’inceste demeure solidement ancré dans nos représentations.
Justement, le film a le mérite de les interroger. La caméra, avec beaucoup de grâce, nous invite souvent à suivre les personnages dans leur débauche. Mais jamais elle n’impose au spectateur de garder les yeux ouverts, ni même de cautionner ce qu’il voit.
Une vraie leçon de cinéma.