Le 8 juin 2022
Une sorcière et son père, morts depuis longtemps, réapparaissent pour contrarier le destin d’un candidat sénateur. René Clair, dans sa période américaine, signe une comédie loufoque qui détourne avec malice les codes de la sorcellerie, avec un duo gagnant inattendu, Veronica Lake et Fredric March.


- Réalisateur : René Clair
- Acteurs : Susan Hayward, Fredric March, Veronica Lake, Robert Warwick, Cecil Kellaway, Robert Benchley , Elizabeth Patterson
- Genre : Comédie, Fantastique, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Les Artistes Associés
- Durée : 1h27mn
- VOD : OCS
- Titre original : I Married a Witch
- Date de sortie : 24 novembre 1944

L'a vu
Veut le voir
– Année de production : 1942
Résumé : 1690. Avant d’être brûlés, une sorcière et son père (Veronica Lake et Cecil Kellaway) maudissent le juge Wooley qu’ils jugent responsable de leur sort. Ils jurent que lui et tous ses descendants masculins ne feront que des mariages malheureux. 1942 : tout sourit à Samuel Wooley (Fredric March), candidat sénateur et fiancé à la belle Estelle (Susan Hayward).
Critique : Que l’on ne s’y trompe pas : malgré le sujet de base, il s’agit bien d’une comédie, et même d’une comédie totalement loufoque.
La terrifiante époque du passé de chasse aux sorcières de Salem (bien réelle) est détournée pour créer des situations comiques contemporaines. Les fantômes de la sorcière et de son père, "libérés" par un orage, vont retrouver le descendant actuel des Wooley, Samuel, alors qu’il donne chez lui une réception pour remercier ses soutiens politiques et annoncer son mariage imminent. Les deux fantômes, d’abord invisibles, ne vont avoir de cesse de contrarier le destin de Samuel.
L’intrigue va se jouer de tous les codes de la sorcellerie en les détournant pour créer des moments de comédie débridée, entre apparition/disparitions, quiproquos, clins d’œil, ou encore chausse-trappes puérils, n’ayant pour but que de rendre fou le candidat sénateur.
René Clair est, avec Jean Renoir, l’un des rares cinéastes français à avoir réussi une carrière américaine pendant la Seconde Guerre mondiale (après un passage en Grande-Bretagne). Ce long métrage est le deuxième des quatre qu’il réalisa à Hollywood, sans compter sa participation à une œuvre collective.
Le savoir-faire élégant et poétique du cinéaste lui a permis d’ intégrer totalement les codes du cinéma américain. Pourtant, il reviendra en France dès 1947 pour y finir sa carrière avec plusieurs réalisations marquantes.
Ici, sans réels effets spéciaux, il réussit à nous transporter dans un univers magique où le surnaturel, avec humour, mène la vie dure à la réalité.
Le couple contrasté Fredric March (raide et guindé) et Veronica Lake (mutine et charmante), qui fonctionne parfaitement, participe à la réussite de cette sympathique comédie. Il en va de même de Susan Hayward qui campe la fiancée contrariée.
Sol Saks, le créateur de la série télévisée Ma sorcière bien-aimée (Bewitched, 1964-72) a clairement exprimé s’être inspiré en partie de ce film pour bâtir sa propre intrigue.