Je m’emmerde, tu t’emmerdes, il s’emmerde...
Le 2 février 2019
Ce rayon sacré de Lumière silencieuse, d’une puissance tellurique, se mérite mais ne s’oublie pas. Ouvrez les yeux : vous allez être éblouis.
- Réalisateur : Carlos Reygadas
- Acteurs : Cornelius Wall, Maria Pancratz, Miriam Toews
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Mexicain
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 2h22mn
- Box-office : 17.602 entrées France / 6.743 entrées P.P. (chiffres sur 3 semaines seulement)
- Titre original : Luz silenciosa
- Date de sortie : 5 décembre 2007
- Plus d'informations : Le site du film
- Festival : Festival de Cannes 2007, Sélection officielle Cannes 2007 (en compétition)
Résumé : Mexique. Communauté des Mennonites. Johan, marié à Esther avec qui il a sept enfants, vit une passion amoureuse depuis deux ans avec Marianne. Entre ses deux vies, ses deux femmes, le choix est impossible. Il se confie à son ami Zacarias et à son père, prédicateur, qui voit là l’œuvre du diable. Pourtant, tous deux le soutiennent, le plaignent. Et l’envient.
Critique : Après Japón et Bataille dans le ciel, Carlos Reygadas demeure une sacrée énigme. Ce n’est pas Lumière silencieuse, version cérébrale du Village, de M. Night Shyamalan, qui va départager. Encadrée par deux plans inoubliables qui sont comme le jour et la nuit d’un battement de paupières (la caméra part du ciel pour révéler une micro-tragédie humaine avant de quitter le plancher des vaches et rejoindre les étoiles), la dernière œuvre d’art de l’esthète se place au-dessus des conventions usuelles - ce qui peut être interprété comme de la prétention - pour appliquer un écosystème mortel : séquences étirées à l’écœurement, économie de bavardage pour mieux laisser pénétrer l’air du malaise. C’est beau à mourir et d’un ennui terrassant. L’artiste, destructeur et sacrificiel, semble persuadé qu’il faut se laisser aller au temps suspendu pour apercevoir et apprécier cette lumière silencieuse, cette vie recluse, ces émotions qui circulent au-delà des mots. Au bout du trajet, il y a pourtant une beauté. Une vraie. Amplifiée par le rythme. Par le mystère qui réside dans le moindre instant volé de quiétude.
On est quelque part entre la somnolence et l’éblouissement, le rêve et le cauchemar. Sur le chemin d’une inexorable montée vers le nirvana cinématographique. Le script est simple, linéaire. Le traitement donne à voir ce qui grouille autour (la dimension mystique, les ambiguïtés latentes). Si Reygadas gratte un peu le vernis de son théâtre et peint ses personnages comme il tire les ficelles de marionnettes, il laisse néanmoins transparaître des faiblesses de tête brûlée. Quelques surmois (Ordet, de Dreyer) entachent ce film persuadé de son pouvoir hypnotique, de sa singularité. Donc incapable de transmettre des émotions autre que la stupéfaction béate. C’est sa limite mais aussi sa rareté : pour peu qu’on partage l’état de transe qui habite le cinéaste, on se fond sans broncher dans un long fleuve tranquille pour savourer chaque seconde de ce sommet de puissance expressive. C’est à prendre ou à laisser. Mais sachez juste que vous ne l’oublierez jamais.
– Prix du Jury Cannes 2007
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Norman06 27 avril 2009
Lumière silencieuse - Carlos Reygadas - critique
L’auteur reste fidèle à son style sec et ses mouvements de caméra lents et envoutants. La spiritualité qui baignait les deux premiers opus reste en filigrane, ne serait-ce que par le scénario. Mais si la mise en scène de Reygadas est singulière, son penchant pour la pose et la belle image pourra agacer.
Frédéric Mignard 27 août 2009
Lumière silencieuse - Carlos Reygadas - critique
Mise en scène fascinante mais aride, on décroche très vite.