Tuons-nous pour de bon
Le 2 février 2019
Reygadas ose beaucoup et se fourvoie tout autant.


- Réalisateur : Carlos Reygadas
- Acteurs : Brenda Angulo, David Bornstien
- Genre : Drame, Érotique
- Nationalité : Mexicain
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h41mn
- Box-office : 48.026 entrées France / 20.589 entrées P.P.
- Titre original : Batalla en el cielo
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 26 octobre 2005
- Festival : Festival de Cannes 2005, Sélection officielle Cannes 2005

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Résumé : Marcos, le chauffeur d’un général, est hanté par l’issue tragique d’un enlèvement d’enfant qu’il a perpétré avec sa femme. Fragilisé, il se confesse à Anna, la fille de son patron...
Critique : Quelques mois après son micro-scandale cannois, Bataille dans le ciel gagne sans doute à être revu avec plus de sérénité, même s’il a tout d’un exercice d’onanisme intellectuel avec ce qu’il faut d’arrogance et de scènes choc pour générer les controverses. En réalité, tout ceci n’est qu’un vernis spectaculaire qui cache un discours plus qu’équivoque sur la culpabilité et la rédemption, magnifié par sa mise en scène, impressionnante, et ses interprètes, courageux. En surlignant chaque personnage, chaque situation, chaque dialogue, Carlos Reygadas enfonce les clous de son spectacle, dilue son histoire à force de provocations gratuites et lui donne des allures de parcours mystico-sexuel, riche en symboles, dans un monde dépourvu de spiritualité.
Le film ne cherche pas à être aimé et détruit les clivages sociaux pour retranscrire un chaos latent et un monde pourri sur le point d’exploser. Sa radicalité mérite le respect. Seulement, si Japón donnait à penser que le cinéaste mexicain avait des choses à dire et à montrer, cette fois-ci, il pèche par excès. Dans son paradoxal refus de compromis, Reygadas ose beaucoup et se fourvoie dans un salmigondis pesant qui semble ne plus avoir de limites. Reflet d’une société déliquescente ? Oui.
L’opus s’appréhende mieux lors d’un second visionnage, même s’il possède des scories irréversibles qui risquent de ne pas être du goût de tout le monde. Clairement, des films qui divisent à ce point, suscitent la haine et réussissent à déranger, ne sont pas légion. Dommage que les ombres tutélaires de Pasolini, Rossellini, Buñuel ou même Bresson hantent la narration de manière ostentatoire et renforcent ainsi la grande prétention de ce pensum apprêté.