Louis de Funès, une vie de folie et de grandeur. La chronique BD.

L’histoire : cette bande dessinée revient, l’espace de 120 planches, sur la conception et sur la vie de Louis de Funès, de la rencontre mouvementée de ses parents, à sa mort en 1983, à l’age de 69 ans.

Louis est le troisième enfant de Carlos de Funès, un avocat espagnol expatrié en France, qui, toute sa vie, vivra d’expédients, pas toujours moralement défendables, mettant en péril sa famille. Ses études ne sont guère reluisantes, et il les termine bien vite pour entamer une carrière de pianiste de bar. Ce n’est qu’à l’age de 28 ans qu’il décide de devenir acteur. A partir de ce moment, ce bourreau du travail gravit un à un les échelons du succès, du théâtre à la figuration au cinéma, de la figuration aux seconds rôles, des seconds rôles aux premiers........ pour devenir, à plus de 40 ans, la vedette incontestable et immortelle que l’on sait.

Notre avis : les jeunes générations, et même les plus vieilles, ont une image de Louis de Funès bien arrêtée, celle de ce clown gesticulant, éructant et grimaçant dont le cinéma français raffolait jusqu’au début des années 1980. Si vous faites partie du lot, détrompez vous. Louis de Funès, c’est bien plus que ça, on s’en rend bien compte à travers cet ouvrage salutaire, donnant à cet acteur paradoxalement discret à la ville un relief, une âme qui ne transparaît que peu dans ses films.

Si les auteurs s’attachent à parler longuement de ses géniteurs et surtout de son père, allant même jusqu’à illustrer la couverture d’un portrait de son père et non de Louis lui même, ce n’est pas innocent. En effet, ce père absent, combinard, toujours à la recherche d’un "bon coup" qui ne viendra jamais, allant jusqu’à peupler l’appartement familial de poulets pendant la Première Guerre Mondiale pour faire du marché noir, contribue à façonner le caractère anxieux de son cadet.

De fait, on le constate, Louis, malgré le succès, passe l’essentiel de sa vie à craindre qu’un jour, tout s’arrête net. De la même manière, son besoin éperdu de reconnaissance conduit à des situations parfois touchantes, comme quand il se rend compte, au cours du tournage du Tatoué, que l’admiration qu’il porte à Jean Gabin n’est pas mutuelle, parfois ubuesques, comme quand il décide soudainement, après s’être avisé que, dans le Corniaud, Bourvil a beaucoup plus de scènes que lui, de faire "une grève du zèle".

Cet album regorge d’anecdotes comme celles-ci, et grâce au talent du dessinateur, qui réussit à rendre tous les protagonistes immédiatement reconnaissables, c’est une fenêtre ouverte sur le monde du cinéma français de cette période. Un seul reproche, peut-être : la longueur somme toute modeste de l’album oblige les auteurs à faire des "sauts de puce", ce qui peut s’avérer frustrant pour le lecteur.... hormis ce léger bémol, c’est du tout bon, amis cinéphiles, vous pouvez sans hésiter vous ruer dessus.