Le 11 juillet 2021
Avec Lingui, Mahamat-Saleh Haroun explore les limites des droits de femmes au Tchad, sous couvert de drame familial joliment interprété et mis en lumière.
- Réalisateur : Mahamat-Saleh Haroun
- Acteurs : Youssouf Djaoro, Rihane Khalil Alio, Achouackh Abakar Souleymane
- Genre : Drame
- Nationalité : Tchadien
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h27mn
- Date télé : 27 mai 2024 23:19
- Chaîne : TV5 Monde
- Date de sortie : 8 décembre 2021
- Festival : Festival de Cannes 2021
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Résumé : Dans les faubourgs de N’djaména au Tchad, Amina vit seule avec Maria, sa fille unique de quinze ans. Son monde déjà fragile s’écroule le jour où elle découvre que sa fille est enceinte. Cette grossesse, l’adolescente n’en veut pas. Dans un pays où l’avortement est non seulement condamné par la religion, mais aussi par la loi, Amina se retrouve face à un combat qui semble perdu d’avance…
Critique : La compétition se poursuit, et les bons films s’accumulent. Lingui, s’il n’a probablement pas de quoi faire chavirer totalement la Croisette, possède de sérieux atouts pour se glisser dans la tête du jury jusqu’au dernier jour. L’ensemble respire le déjà-vu, certes, avec un conflit entre les aspirations de la protagoniste et la culture d’un pays qui refuse aux femmes le droit à disposer de leur corps, au prétexte que la religion le lui refuserait. Mais il reste une réflexion engagée et salutaire.
Sur le papier, ces conflits sont assez souvent portés à l’écran. Finalement, toutes les problématiques abordées ici sont à réunir sous la même étiquette : la restriction des droits des femmes. Excision, non-accès à l’avortement – ou illégal et dans des conditions dramatiques -, injonction à avoir un homme dans la famille pour se protéger… en 1h27, ces sujets sont abordés, le plus largement traité étant celui qui évoque la grossesse de Maria, quinze ans : cette dernière devient la honte de sa communauté en étant exclue de son lycée à cause de cet enfant à venir. Sa mère, femme seule à l’élever, est déjà très mal perçue par le reste d’une société décrite comme très conservatrice.
- © 2021 Ad Vitam Distribution
La dénonciation est claire. Elle se fait par l’exemple et le point de vue de Haroun ne souffre d’aucune réserve. On pourrait presque lui reprocher de l’imposer. Mais compte tenu de ce qui nous est montré à l’écran, comment pourrait-on ne pas souhaiter l’élargissement des droits des femmes, et par là-même l’ouverture d’esprit de ceux qui jugent Maria, exclue de son lycée, et n’osant pas avouer sa grossesse ? L’adolescente est alors obligée d’avorter dans un cabinet illégal, après que sa mère a tout – vraiment tout – fait pour tenter d’amasser assez d’argent, afin qu’on opère illégalement sa fille à l’hôpital.
C’est en tout cas le parti pris du long métrage, fort, d’autant que Haroun choisit de filmer ses actrices avec beaucoup de naturel, et n’esquive pas certaines scènes assez dures. Toutefois, il ne montre pas l’avortement, ce qui aurait pu renforcer son propos, mais aussi traumatiser un spectateur qui n’est pas pris par la main.
- © 2021 Ad Vitam Distribution
Le destinataire de l’œuvre, s’il n’aime pas les plaidoyers, applaudira au moins le soin apporté à la facture visuelle du film. Tout le récit se déroule sous la lumière chaude et joliment travaillée de Mathieu Giombini. Certaines idées, comme l’écho entre plusieurs plans du film (jolis ralentis) ou quelques compositions du cadre très bien senties, achèvent de faire de Lingui une création qui a le potentiel pour toucher son public. Au point de faire changer certaines mentalités ?
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