Bagdad ou Babel ?
Le 17 mars 2004
Un livre atypique et fascinant qui questionne notre rapport au langage, et pose le leurre comme seule réalité possible.
- Auteur : Julien de Kerviler
- Editeur : L’ampoule
- Genre : Roman & fiction
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La prise de Bagdad contée par la favorite de Saddam Hussein, à moins que ce ne soit son sosie...
Nous sommes à Bagdad. La favorite du Raïs narre à sa manière la prise de la ville par les troupes anglo-américaines. Cette situation va être le point de départ de tout un jeu de faux-semblants au travers duquel l’auteur inaugure une nouvelle forme littéraire, la "science de fiction". Dans une langue extrêmement riche et complexe, il construit un labyrinthe subtil et raffiné, un jeu de miroirs qui nous laisse par instants entrevoir ce que nous croyons être la réalité. Ce texte foisonnant et déroutant remet en question notre rapport au monde et aux mots qui, ici, semblent construire le réel. La légende devient le seul repère possible, le récit donne corps aux événements.
La narratrice distille, page après page, les questions, et entame la délicate construction d’un monde parallèle qui obéit à des lois obscures mais précises.
Et si les assaillants se trompaient de cible ? Et si ce mystérieux édifice, dans les parages d’une ville où naquit le langage, était l’avatar d’une tour de Babel ? La surface ne serait qu’un faux-semblant, destiné à masquer les véritables métamorphoses...
Au centre de la terre, dans un bunker à la précision raffinée et géométrique, une assemblée d’hommes et de femmes attendent patiemment l’inévitable anéantissement du monde du dehors. Des êtres aux visages et aux gestes indissociables, choisis selon leur degré d’aptitude au mimétisme, dans une mise en abîme à laquelle n’échappe ni la narratrice ni le lecteur. Cette duplicité serait l’unique possibilité de survivance d’une civilisation à elle-même et à ceux qui tentent de l’anéantir.
Julien de Kerviler, dans un récit dont la forme est elle aussi double et labyrinthique, ne sème des indices que pour mieux nous perdre. Des phrases récurrentes et incantatoires ajoutent au trouble. Et les arcanes du livre se laissent pénétrer, non pas par une compréhension progressive et rassurante, mais au contraire grâce à ce sentiment de perte de repères qui finit par empêcher d’en sortir. Le texte a-t-il bien été lu, ou a-t-on fini par l’inventer ? Edité à l’Ampoule, maison d’édition éclairée, ce livre exigeant et complexe devrait allumer çà et là quelques étincelles...
Julien de Kerviler, Les tyrans sont éternels, L’ampoule, 2004, 192 pages, 17 €
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