Restos du cœur
Le 14 mars 2005
Rencontres à Paris et ailleurs, laissez-vous guider par la plume nonchalante de Bernard Frank.
- Auteur : Bernard Frank
- Editeur : Le Dilettante
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
L'a lu
Veut le lire
Bernard Frank ressemble à ces chats qui ont élu domicile chez lui, sans qu’il les y ait invités. Lui aussi, depuis toujours, s’est posé là où il se sentait bien, à ronronner au coin de ses amitiés. Longtemps chez Françoise Sagan qu’il a suivie dans ses différents déménagements. Il y a eu toutes sortes de rues dans sa vie, et des chemins de campagne aussi, du côté de Saint-Tropez ou de Deauville, mais c’est l’asphalte de Paris qu’il préfère, c’est flagrant. Non qu’il y marche tellement. Les rues chez Frank ne sont pas faites pour être arpentées le nez au vent, elles sont intéressantes parce qu’elles sont bordées d’immeubles vibrants de vie, de lumière et de chaleur.
Alors, s’il se plie à l’exercice de quelques descriptions architecturales ou rappels historiques, c’est surtout autour de rencontres et de conversations que sont bâties ces "Promenades" de commande, écrites pour le magazine Urbanismes entre 1989 et 1992. Mais le ton est bien celui d’un flâneur faussement insouciant, les sens en éveil. Et les souvenirs qui reviennent pêle-mêle dessinent une géographie urbaine en zigzags qui souvent aboutissent autour d’une table. Restaurant étoilé ou boui-boui (mais toujours à la très honnête cuisine dépeinte les papilles aux aguets), ces repas d’antan sont prétexte à portraits brossés en quelques vifs coups de plume. Et hop ! le personnage (Nimier, Berl, Blondin, des dizaines d’autres aujourd’hui disparus) prend vie. Fantôme parfois admiré, parfois brocardé, mais toujours sans grande méchanceté, sur ce ton de confidence un peu lasse, de nostalgie qui renâcle à dire son nom, de cœur sensible qui se cache derrière des mots alignés à pas feutrés. Cet air de ne pas y toucher qui est la marque de fabrique d’un écrivain talentueux qui n’écrit plus de romans depuis longtemps, seulement des chroniques [1]. Et c’est bien dommage.
Bernard Frank, Les rues de ma vie, Le Dilettante, 2005, 219 pages, 15 €
[1] Ne ratez pas celles qui sont publiées dans Le Nouvel Observateur chaque semaine
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.