Le 1er mars 2017
A travers des témoignages de poètes contemporains, se dessinent les contours d’un art qui fonctionne en vase clos. Les poètes sont vivants, mais leur pouls est un peu faible.
- Réalisateur : Xavier Gayan
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Après Production
- Durée : 1h10min
- Date de sortie : 8 mars 2017
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
Résumé : Qu’est-ce que la poésie ? Quel est le rôle politique du poète ? Comment le fait d’être bilingue ou trilingue influe-t-il sur leur écriture ? Entretiens et poèmes se succèdent tout au long du film. À l’origine du projet, Xavier Gayan avait le désir de faire sentir ce qu’est la poésie aujourd’hui, ce qu’elle a d’unique par rapport aux autres arts, tous les courants qui la parcoure. Paroles, poésies, paysages… nous voyageons à travers les mots, les langues et le territoire. Nous entendons combien la langue nous façonne et à quel point les poètes permettent de l’éclairer, de la bouger, de la transformer et de nous libérer de son emprisonnement.
Notre avis : Comment se porte la poésie contemporaine ?
Ce documentaire nous fournit une réponse éclairante, à travers des témoignages de ceux qui la font, au présent. Chacun le sait : depuis plusieurs décennies, la poésie ne se vend pas et aucun des auteurs qui en parlent ne bénéficie d’une exposition médiatique, qu’il s’agisse de Charles Pennequin sur lequel s’ouvre et se referme le film, Jacques Darras ou Jean Portante, si l’on parle d’auteurs qui sont considérés comme des références dans leur genre de prédilection. Loin de s’en désoler, le spectateur tente de comprendre, à travers les différents témoignages, les raisons du divorce entre la poésie contemporaine et ce qu’on appelle le grand public : il ne trouvera pas une réponse directe à ses interrogations, constatera plutôt que les propos des intervenants dessinent les contours d’une enclave dans la littérature, puisque la poésie est, par définition, le lieu du langage et l’on pourrait dire son territoire de prédilection : l’axiome se trouve vérifié par l’iconoclaste Pennequin, qui s’amuse à faire exploser le mot "pétarade" dans une bouche rendue gourmande, tout au début du film. Le même implore l’aide des "petits mots", jusqu’à en crever la feuille sur laquelle ils se sont alignés, avec une bouche tout aussi désirante. Ce sont les dernières images et, si elles font sourire, elles donnent aussi l’impression que la poésie tourne en rond dans sa propre marmite. Le même homme s’essaie à un happening, mégaphone en main, pour chanter la révolte avec humour. Mais personne ne semble vraiment prêter attention à ce qu’il dit.
Pourtant, la diversité des témoignages incite à croire que le genre a cette capacité d’opérer des mutations et à plaire, par son lien organique avec la musique : un jeune poète, Beguy Aguey-Zinsou, se met à slamer des mots avec une évidente jubilation, dit son bonheur d’avoir trouvé un acte créatif qui le rend heureux. Mais le plus souvent, le genre, tel que le montre ce documentaire, infuse dans un mal-être
individuel, qu’il concerne un deuil, à travers le témoignage émouvant de Stéphane Bataillon, ou une difficulté à se défaire d’une langue perçue comme coercitive. De là, cette impression que la majorité des poètes interrogés chargent leurs textes d’une fonction thérapeutique, lorsqu’on voudrait sans doute les mots plus légers qu’ils ne sont et surtout, plus vivants, dans leur transitivité. On écoute, compatissant, mais on a cette très nette sensation de réagir en empathie plus qu’en symbiose avec les textes qui sont évoqués. Et l’on se sent exclus par cette surenchère de signes souvent réduits à des signifiants.
Le montage assez monotone ne parvient pas à rendre ce documentaire vraiment original et généreux, comme on aimerait que la poésie le soit. Comme on a lu jadis qu’elle le fut.
Le film est disponible en DVD chez a.p.r.e.s
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DRcine 17 mars 2017
Les poètes sont encore vivants - la critique du film
Je me permets de répondre à cette critique du blog « à voir, à lire », visant le film de Xavier Gayan, intitulé « Les poètes sont encore vivants ». Ayant vu le dvd du film, je ne comprends pas l’offensive portée par ce blog qui me semble ne pas être pertinent, mais d’une violence que j’ai du mal à comprendre. Pourquoi s’acharner avec autant de mépris pour un documentaire qui est largement supérieur à beaucoup de films commerciaux. Une dizaine d’attaques visant la qualité du documentaire mais également celle des auteurs dans un déferlement d’arguments hargneux, produisant une charge négative sur l’œuvre complète.
Commencer en gros titre par des propos tels que : « A travers des témoignages de poètes contemporains, se dessinent les contours d’un art qui fonctionne en vase clos. Les poètes sont vivants, mais leur pouls est un peu faible. », qu’est-ce que ça veut dire !!! Une attaque aussi directe et méprisante que ça, mais l’auteur de cette critique n’a absolument rien compris du film, ni des poètes et par conséquent semble avoir mis sa sensibilité au placard.
Pour commencer, je tiens à préciser pour ceux qui ont la mémoire courte, que la poésie n’a jamais été un marché de masse, et que ce n’est pas la question, mais bien au contraire son point fort, elle reste libre et donc insaisissable, peu d’artistes actuels peuvent s’en venter. Elle n’a aucun compte à rendre au marché ni au public, c’est un acte pur.
Concernant les multiples attaques sur le poète performeur Charles Pennequin et les autres, là encore, il y a une incompréhension ou disons plutôt clairement que le blog est à côté de la plaque. Essayer de démontrer, d’identifier que les auteurs chargent leurs textes d’une fonction thérapeutique, cela sert à quoi ? Thérapeutique ou pas, n’est pas la question, il s’agit de visionner un film qui fait témoignage sur la poésie contemporaine.
La poésie n’a pas à répondre à une demande, à satisfaire un public et encore moins à répondre à ce qu’on appelle le goût ou la tendance. Par rapport à l’aspect dit : « monotone », qui est évoqué en dernier paragraphe, je ne suis pas d’accord avec ce qualificatif un peu réducteur. Le rythme du film n’impose rien au spectateur comme c’est le cas dans la plupart des films commerciaux.
En effet, j’ai le sentiment profond que Xavier Gayan laisse le spectateur entrer dans l’univers des personnages, il n’y a pas d’artifice, ni de procédé filmique, simplement une recherche de vérité qui n’est peut-être pas au goût de l’époque mais pour moi une œuvre authentique. Je pense également qu’il y a un public qui cherche cette sincérité difficile à trouver dans le paysage du documentaire contemporain.
Il faut savoir qu’il n’y a aucune voie-off, pas d’artifice auquel se raccrocher, nous sommes invités dans différents univers avec autant de richesses différentes les unes que les autres. Il serait vraiment dommage, de priver un public de ce film, à cause d’une critique déplorable qui n’a pas su apprécié l’œuvre par manque de sensibilité ou par positionnement politique. En tous cas, pour ma part, c’est un bon film à découvrir, que chacun se fasse sa propre opinion.