Le 2 décembre 2020
L’Orangerie édite un nouvel ouvrage sur la pièce maîtresse de sa collection : "Les Nymphéas" de Claude Monet. Une fresque gigantesque montrant les reflets du ciel dans l’étang de son jardin. Cette ambition aérienne supporte mal le confinement que nous propose la seconde partie de ce livre, qui donne à voir cette œuvre magistrale comme une compilation cadastrale.
- Auteur : Cécile Debray
- Editeur : Hazan
- Nationalité : Française
- Salle d'exposition / Musée : Musée de l’orangerie
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Résumé : « Je vous aime parce que vous êtes-vous, et que vous m’avez appris à comprendre la lumière. Vous m’avez ainsi augmenté. [...] Peignez, peignez toujours jusqu’à ce que la toile en crève. Mes yeux ont besoin de votre couleur et mon œur est heureux de vous. » George Clemenceau à Claude Monet, 17 avril 1922 Lorsque Claude Monet devient propriétaire de la maison et du jardin où il s’est installé à Giverny en 1890, il peut désormais aménager les lieux selon son gout et surtout sa vision de peintre. Jusqu’à sa mort en 1926, le « jardin d’eau » requiert tous ses soins. Il fait creuser un bassin enjambé par un pont en bois, rappel une fois encore de son intérêt pour le Japon, et en peint inlassablement les nymphéas. Ils lui inspirent une œuvre titanesque composée de près de 300 tableaux dont plus de quarante panneaux de grands formats, dont l’aboutissement ultime reste les nymphéas du musée de l’Orangerie, offert à la France le lendemain même de l’armistice du 11 novembre 1918 comme symbole de la paix et installés selon les propres plans du peintre à l’Orangerie en 1927, quelques mois après sa mort. Sur près de cent mètres linéaires, immergeant le spectateur, se déploie un paysage d’eau jalonné de nymphéas, de branches de saules, de reflets d’arbres et de nuages, donnant « l’illusion d’un tout sans fin, d’une onde sans horizon et sans rivage » selon les termes mêmes du peintre.
Notre critique : En première partie, si le texte d’introduction laisse perplexe par ses flottements et rebute, les explications proposées ensuite sont intéressantes. Il situe en une trentaine de pages aérées cette immense fresque dans la carrière du peintre, dans l’histoire des impressionnistes et celle du siècle. L’iconographie photographique des années vingt montre Monet parmi ses sujets, les fleurs, puis l’accrochage dans le musée. Le texte accompagne intelligemment le lecteur. On apprécie l’idée que le dégoût de la guerre de 14-18 est l’une des origines de cet ode au monde naturel, au repli vers le beau. Le reflet du ciel dans l’eau est un apaisement, on ne refuse pas l’invitation au rêve, comme celle que faisait Oscar Wide : aujourd’hui tu viendras avec moi dans mon jardin qui est le Paradis.
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La seconde partie consiste en une suite de découpages, au format du livre, de l’immense fresque. Fallait-il atteindre un certain nombre de pages pour justifier l’épaisseur de cette publication ? On est censé les feuilleter comme si chaque morceau pouvait être une production en soi, mais le résultat est aussi plat que la surface de l’eau. Quelle œuvre supporte ce morcèlement ? L’Orangerie a peut-être inventé, par ce procédé, une manière d’augmenter la valeur d’une création en la coupant en petits morceaux, à la manière des raffineurs. Les gardiens du musée seraient-ils en train de vendre au détail leur lieu de travail, façon morceaux du mur de Berlin ? Est-ce l’esprit de l’œuvre ? On ne la voit pourtant pas mieux de cette façon, car il ne s’agit pas non plus d’un grossissement nécessaire pour comprendre de fourmillants détails, comme dans une peinture de Jérôme Bosch, par exemple. L’artiste aurait-il adhéré à cet étrange dépeçage séquentiel, lui qui voulait nous immerger dans la nature ?
On a une idée de la réponse. L’ouvrage reste plus agréable, plus coloré, qu’un catalogue de peintures noires de Pierre Soulages, mais l’on peut dire que cet enfermement est contenu dans la couleur, alors que Monet voulait nous ouvrir à son rêve. Enfin que dire des intercalaires verticaux, épais comme des marque-pages, qui séparent chaque pan du tableau et obligent à tourner le livre à l’horizontal ? Bref, quelque chose ne colle pas, et il est difficile d’adhérer aux feuilles de ce marronnier.
Collection : Beaux Arts
Date de parution : 12/11/2020
Format :218 x 312 mm
208 pages - 45 €
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