La loi des séries
Le 3 mai 2005
L’évolution d’une société se décrypte aussi dans ses programmes télé.

- Auteur : Martin Winckler
- Editeur : Au diable vauvert
- Genre : Roman & fiction

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L’évolution d’une société se décrypte aussi dans ses programmes télé.
La génération des JR et autres Steve Austin a bel et bien passé la main. Pour preuve, Martin Winckler, entouré de spécialistes passionnés, publie la deuxième partie d’un ouvrage consacré aux séries américaines [1]. Le constat est simple. Ces séries ont depuis plusieurs années sorti leurs griffes, gagnant du même coup leurs lettres de noblesse pour s’imposer comme genre artistique à part entière. Elles sont la plupart du temps le fruit de scénaristes extrêmement critiques sur les Etats-Unis, qui reflètent une société qui avance, avec ses forces et ses faiblesses. Novatrice en la matière, la chaîne HBO a ainsi dépoussiéré le genre en produisant des séries aussi diverses que Sex & the city, les Sopranos ou encore Six feet under. De plus en plus de réalisateurs de cinéma s’y intéressent et réalisent des séries (on pourrait citer David Lynch ou Steven Spielberg) qui, de leur côté, influencent tout autant la production hollywoodienne.
Aussi passionnant que pertinent, cet ouvrage décortique une vingtaine de séries diffusées (et parfois maltraitées par les chaînes) en France. Ces analyses mettent en lumière toutes les références littéraires ou mythologiques que dissimulent ces sagas, insistent sur le rapport qu’elles entretiennent avec une Amérique profondément marquée par la peur du terrorisme (24 heures chrono), la présence d’extra terrestres ou les complots gouvernementaux (Roswell, Smallwille), des ados à la recherche de leur identité (Buffy, Alias) mais aussi sur des séries beaucoup plus étranges et conceptuelles comme Twin Peaks ou Carnivàle. Dans la mesure où comprendre une société c’est d’abord comprendre ses images, ces Miroirs obscurs reflètent à merveille la pluralité des Etats-Unis, leur part de Bien comme leur part de Mal.
Martin Winckler, Les miroirs obscurs : Grandes séries américaines d’aujourd’hui, Au Diable Vauvert, 2005, 462 pages, 21,50 €
[1] Après Les miroirs de la vie, Le Passage, 2001.