Les liaisons dangereuses 1960 - Roger Vadim - critique

Critique : Il s’agit là de la première adaptation au cinéma du célèbre roman de Choderlos de Laclos. Elle est aussi l’une des rares à être
transposée dans l’époque de son tournage. Ce qui ne l’empêcha pas de faire un beau scandale et d’être renié par les défenseurs de Laclos qui firent rajouter 1960 au titre. De l’aspect sulfureux dénoncé au moment de la sortie, il ne reste pas grand-chose ; et pour la manque de fidélité à l’auteur, on peut s’interroger, c’est vrai, sur la décision de faire des deux personnages principaux un couple marié, ce qui change fondamentalement tout l’esprit de l’intrigue.

Maintenant, ce long métrage, volontiers provocateur, ne manque pas de qualités. La musique jazz utilisée, dominée par Thelonious Monk et Art Blakey, inscrit l’histoire dans une véritable modernité. Hormis Jeanne Valérie et Annette Vadim (les "proies" de Valmont), assez fades, les interprètes, bien choisis, sont tout à fait justes : Jeanne Moreau, froide, cruelle et calculatrice à souhait ; un inhabituel Gérard Philipe, aussi dominé que dominant (ici dans son avant-dernier film, il décédera deux mois après la sortie à seulement 36 ans) ; ou encore pour les seconds rôles Simone Renant, la mondaine mère de Cécile ; le jeune et idéaliste Jean-Louis Trintignant ; et un étonnant Boris Vian en collègue de Valmont, raide comme un piquet (qui lui décédera juste avant la sortie du film).

Loin d’être aussi forte que le roman, cette adaptation un peu culottée, est plutôt réussie et reste peut-être même le meilleur film de Roger Vadim.