Le repos du guerrier - Roger Vadim - critique

Critique : Le repos du guerrier est la quatrième des cinq collaborations de Roger Vadim avec sa première épouse Brigitte Bardot (dont il a divorcé en 1957). Adaptant Christiane Rochefort, il en fait une petite bourgeoise qui va être avilie par un jusqu’au-boutiste, sorte d’artiste maudit doublé d’un alcoolique.
On voit bien tout l’attrait sulfureux que représentait cette histoire qui a la prétention de bousculer l’ordre établi, en écornant la morale bourgeoise. Malheureusement, cet air de scandale fait un peu sourire aujourd’hui, avec ce récit où tout ou presque sonne faux. Le cinéaste a cru pertinent de donner à son ex-femme un contre-emploi de gentille fille, inconsciente de son sex-appeal, et victime d’un pervers bon teint. Comme en contrepoint à la goujaterie de Renaud, on naviguera constamment entre gens bien élevés, avec un notaire épicurien (Michel Serrault) qui sait choisir le vin quand il invite sa cliente au restaurant, un sculpteur d’art moderne anglais en vogue (James Robertson Justice) qui convie toute une faune de désœuvrés, tellement chics. Même la prostituée d’un quartier chaud en Toscane se montrera bienveillante.
Quant aux scènes dénudées qui, à l’époque, ont conduit le film à être interdit aux moins de 18 ans, elles paraissent désormais bien sages. L’une donne tout de même lieu à une sympathique situation comique quand le voisin (Jean Lefebvre aux yeux de chien battu), censé faire ses comptes, se fait pincer par sa femme : celle-ci le surprend dans le noir en train de mater une Brigitte Bardot toute nue.
Si BB est plus sobre qu’à son habitude, Robert Hossein en rajoute dans cet improbable rôle d’artiste maudit, macho et suicidaire.