Critique : Avec Les Jours aimés, Anne-Sophie Faivre Le Cadre raconte une histoire d’amour, celle d’une jeune fille et de sa grand-mère qui est devenue une mère pour elle, pendant son adolescence. Pourtant, alors même que leur lien semblait impossible à rompre, la jeune fille s’est éloignée de cette mamie, petit à petit, insidieusement. Alors quand elle décide de retourner dans la campagne angevine passer quelques jours dans la maison où elle a grandi, beaucoup de souvenirs lui reviennent à la mémoire.
Petit à petit, le roman opère un changement de focale et la narratrice nous immerge dans ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. Comme si le fait même de retourner chez sa grand-mère lui était nécessaire, pour reprendre le cours de sa vie. Le récit devient presque un bilan de ses vingt-six premières années, de ses joies, mais aussi de ses peines. La visite devient le prétexte à une immersion dans son passé, aux fins de se réconcilier avec lui.
Néanmoins, bien que le texte soit à la première personne et qu’il soit rétrospectif, le rôle de la grand-mère reste central, puisque c’est en passant du temps avec elle et en lui parlant que Constance parvient à recomposer son passé, mais aussi l’histoire de sa famille. Ce livre assez intime, jamais voyeur, dresse le portrait de trois générations, sans pour autant oublier de soulever des questions plus pragmatiques, comme celle de la fin de vie et l’accompagnement des personnes âgées. En effet, dès les premières pages, la narratrice explique que jamais elle ne pourrait laisser sa grand-mère partir en maison de retraite qu’elle considère comme un mouroir.
En somme, Les jours aimés, est un premier roman très réussi qui parvient avec beaucoup de justesse, mais aussi de pudeur, à raconter un lien très fort entre deux femmes qui pourtant ont du mal à communiquer, mais dont la tendresse ne fait aucun doute.