Le 13 octobre 2020
Une chronique sociale pleine d’humour et d’espoir pour rendre hommage autant aux femmes que la société a oubliées qu’ à celles qui leur viennent en aide.
- Réalisateur : Louis-Julien Petit
- Acteurs : Noémie Lvovsky, Audrey Lamy, Corinne Masiero, Pablo Pauly, Déborah Lukumuena, Marianne Garcia
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Apollo Films
- Durée : 1h42mn
- Date télé : 27 février 2022 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 9 janvier 2019
- Festival : Festival d’Angoulême 2018, Arras Film Festival 2018
Résumé : Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !
Critique : Après l’excellent Discount qui, en 2015, dénonçait le gâchis alimentaire, suivi un an plus tard de Carole Mathieu, téléfilm consacré à la déshumanisation du monde du travail, Louis-Julien Petit, tel un Ken Loach à la française, continue de porter un regard tendre et lucide sur l’incapacité de nos civilisations modernes à prendre en considération le sort des plus fragiles.
- Copyright JC LOTHER
Touché par le livre Sur la route des invisibles, écrit par Claire Lajeunie, en complément d’un documentaire qu’elle réalise pour France 5, le jeune réalisateur, après avoir passé un an à multiplier les rencontres en centres d’accueil, se lance dans une comédie sociale afin de donner voix aux laissées-pour-compte ainsi qu’aux travailleuses sociales qui les accompagnent dans leur quotidien, deux catégories aussi imperceptibles l’une que l’autre aux yeux de la société. Si l’absurdité du système administratif mis en place pour venir en aide à ces oubliées de la vie est évoquée, elle n’est nullement le sujet principal de cette chronique placée sous le signe de l’entraide et de la cohésion, bien loin de toute idée de moralisme ou de misérabilisme.
- Copyright JC LOTHER
Avec l’humour comme arme contre la misère, Les invisibles est avant tout un film de combattantes dans lequel la lutte est plus importante que l’objectif quasi utopique à atteindre. Riche de scènes drôles et émouvantes aux dialogues improvisés percutants qui n’éludent cependant rien de la réalité dramatique vécue par ces naufragées, le scénario plonge le spectateur au cœur d’une précarité qu’une quinzaine de femmes qui ont connu la rue, transformées en comédiennes pour l’occasion, nourrissent de leur authenticité. Histoire de se donner l’illusion d’exister, elles empruntent momentanément l’identité de personnalités féminines célèbres (de Lady Di à Brigitte Macron, en passant par Edith Piaf, Brigitte Bardot ou Simone Veil) et sur fond d’autodérision, nous transmettent leur énergie et leur gaieté.
- Copyright JC LOTHER
Fort de cette capacité à toujours extirper le cocasse au cœur des pires situations, Louis-Julien Petit s’appuie, entre rires et larmes, sur un casting varié et multiethnique aux accents criants de vérité pour rendre un chaleureux hommage aux assistantes sociales capables de franchir les limites incohérentes de la légalité pour mener à bien des projets auxquels elles croient. La fougue et la spontanéité d’Audrey Lamy habillent d’un juste rayonnement ce personnage idéaliste et sans filtre d’accompagnatrice toujours prête à se dévouer pour les autres tandis que Corinne Masiero, bien loin de son personnage caricatural télévisuel de Capitaine Marleau, fait preuve d’une réjouissante sobriété à laquelle elle ne nous a guère habitués. Entre humanité et lucidité, elle incarne une directrice de centre plus vraie que nature. Afin de couper court là aussi à tout risque de manichéisme, se dressent aussi les portraits de bénévoles moins structurées mais tout aussi touchantes. Hélène (Noémie Lvovksy), personnage blessé et maladroit, éternellement à contre-courant, semble être là autant pour secourir les autres que pour se sauver elle-même. Enfin, Déborah Lukumuena, à mi-chemin entre enthousiasme et mélancolie, compose une Angélique aux paradoxes attachants, et complète ce quatuor astucieusement choisi que la fluidité d’une mise en scène allègre rend encore plus authentique.
S’il ne prétend nullement proposer de solution concrète à la prise en charge des personnes confrontées à l’extrême dénuement, Les Invisibles, grâce à sa liberté de ton, son optimisme et ses accents de vérité, est avant tout un hymne vibrant et léger à ces guerrières de l’impossible qui n’ont d’autre motivation que de rendre le monde un tout petit peu meilleur.
- Copyright Apollo Films
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ceciloule 22 février 2019
Les invisibles - la critique du film
Je suis partagée sur ce film. Autant j’avais beaucoup aimé Discount, autant ici, je suis plus réservée. Les responsables du centre et les sans-abris sont évoquées, certaines sont presque même centrales mais elles sont trop nombreuses pour avoir la place qu’elles mériteraient d’avoir. Elles sont survolées, le centre restant au cœur du film, un peu trop, et c’est dommage (mon avis ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/02/22/les-invisibles-trop-invisibles-les-invisibles-louis-julien-petit/)