Queen Adjani
Le 7 décembre 2016
Pour son second long métrage, Louis-Julien Petit persiste dans son engagement humain et signe un thriller social au casting quatre étoiles. Adjani est impériale
- Réalisateur : Louis-Julien Petit
- Acteurs : Isabelle Adjani, Lyes Salem, Corinne Masiero, Ola Rapace
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 7 décembre 2016
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Résumé : Médecin du travail dans une entreprise aux techniques managériales écrasantes, Carole Matthieu tente en vain d’alerter sa hiérarchie des conséquences de telles pratiques sur les employés. Lorsque l’un d’eux la supplie de l’aider à en finir, Carole réalise que c’est peut-être son seul moyen de forcer les dirigeants à revoir leurs méthodes…
Notre avis : Isabelle Adjani revient enfin avec un rôle à sa mesure. Carole Matthieu s’ajoute à sa longue liste de personnages désespérées qu’elle a déjà incarné dans sa riche carrière. Dans la série des rôles borderline, son personnage de médecin du travail n’est pas sans rappeler la Sonia Bergerac de La journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld. Le milieu est juste différent. Ici, elle incarne un médecin du travail rongé par ses propres souffrances, celles des autres, et son incapacité à être entendue par la direction sourde de l’entreprise. Le sujet est fort, dérangeant sûrement parce qu’il nous rappelle les événements tragiques de France Télécom ou ceux de chez Orange. Tout comme Jean-Marc Moutout (Violence des échanges en milieu tempéré), Louis-Julien Petit deviendrait-il un des cinéastes spécialistes des conditions du travail moderne ?
- (C) Elemiah - M. Crotto
Après Discount, premier long métrage social plutôt déroulé comme une comédie, Carole Matthieu est pour le coup éminemment plus dramatique, anxiogène : les plans désignant le bâtiment de l’horreur, les nombreux inserts sur les balles anti-stress, les dialogues reprenant les champs lexicaux propres aux managers assoiffés de résultats. Sans relâche, les salariés sont sous pression, écoutés, traqués, corrigés ou même humiliés en direct. Ceux qui ne réussissent pas à atteindre les résultats budgétés quasi-inatteignables et les évaluations qui vont avec, sont destitués et deviennent des vies inutiles à tous. Leur seul refuge est le bureau du médecin du travail. Carole Matthieu est dévastée par son impuissance à être entendue. Le suicide d’un des salariés et la dépression des autres ne semblent pas concerner la direction qui justifie des méthodes constantes d’évaluation normales de travail. La bonne idée de Petit est d’avoir confié le rôle de la DRH à Corinne Masiero, habituée aux personnages de laisser pour compte. Elle incarne une DRH faussement forte, soumise elle également aux pressions politiques de l’entreprise. Pour paraître, elle se déguise en chef des ressources humaines. Qui n’est pas en souffrance dans cette entreprise ? Le médecin est elle-même au bord du gouffre car comme une éponge gorgée d’eau jusqu’à saturation, elle ne peut en absorber plus. Elle doit donc agir par elle-même pour faire prendre conscience.
- (C) Elemiah - M. Crotto
A partir du livre « Les visages écrasés » de Marin Ledun, dont est adapté le (télé)film, Isabelle Adjani s’est emparé du projet et l’a porté jusqu’au bout. Elle est créditée comme productrice associée, elle s’est donc investie notamment dans la promotion qui l’a conduite jusqu’au dernier festival d’Angoulême. Nous retrouverons Isabelle Adjani en 2017 dans la saison 2 de 10%, un sixième César en poche ?
Notes : Carole Matthieu a d’abord bénéficié d’une diffusion sur Arte le 18 novembre. Sortie en salle le 7 décembre.
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