Temps mort
Le 9 mars 2004
L’apparente normalité d’un serial killer. Etrange et dérangeant.


- Réalisateur : Jaime Rosales
- Acteurs : Agata Roca, Alex Brendemühl
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol

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– Durée : 1h49mn
– Titre original : Las horas del dia
L’argument : Abel partage son temps entre sa médiocre boutique de vêtements, le salon de sa mère, le lit de sa petite amie et le kiosque à journaux de son meilleur copain. Entre ennuis d’argent, soucis de personnel et remises en cause amoureuses, Abel parfois craque, se défoule... et tue.
Notre avis : Beaucoup ont des airs de quidam moyen, celui qui tient la porte à la vieille dame d’à côté et qui conduit sa petite vie grise entre travail, bobonne et frigo. Certains ont eu droit à la une des médias, d’autres sont restés dans l’anonymat. Mais tous les serial-killers suscitent la même curiosité dégoûtée et la même éternelle question : pourquoi ?
Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur espagnol Jaime Rosales n’a pas hésité à reprendre le vieux thème du tueur en série mais s’est bien gardé de le traiter sous l’angle éculé du portrait psychologique ou de l’intrigue policière. Il a choisi de montrer le plus simplement du monde la vie banale d’un homme.
Chaque jour, Abel se lève, prend son petit déjeuner avec sa mère, ouvre son magasin de vêtements démodés, houspille sa vendeuse, fait ses mots croisés, prend un verre avec son pote kiosquier stressé par la préparation d’un mariage, rejoint son amie au bar et refuse tout changement susceptible de perturber le cours tranquille des choses.
Un homme qui écoute les bavardages des uns et des autres et parfois, pose des questions déconcertantes qui n’étonnent néanmoins plus son entourage. Un homme qui ne comprend pas que son amie veuille le quitter et reprend l’épluchage méthodique de ses poivrons. Un homme qui en dépit de quelques singularités de caractère est un homme tout ce qui a de plus normal qui pourrait être votre voisin, votre amant ou votre meilleur ami.
En se contentant de montrer l’apparente normalité d’un meurtrier, Jaime Rosales n’apporte délibérément aucune réponse et nous laisse aux prises avec nos doutes et nos questions. De ce parti pris est né un film étrange et dérangeant.
Mais insister durant 1h49 sur la banalité du quotidien comme de l’horreur, c’est également prendre le risque de provoquer une lassitude que n’évite pas un jeu d’acteurs tout en nuances. Certains spectateurs pourront se sentir interpellés, d’autres pourraient périr d’ennui.
Coup d’œil : Les heures du jour a été présenté en 2003 à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs et a reçu le prix FIPRESCI de la presse cinématographique.