Le 1er août 2023
Film d’amour, film de résistance, Les tournesols sauvages est un petit joyau de tendresse pour toutes ces jeunes femmes, à peine adultes, qui se débattent entre leur jeunesse qui se termine et le devoir de maternité.


- Réalisateur : Jaime Rosales
- Acteurs : Anna Castillo, Manolo Solo, Carolina Yuste, Oriol Pla, Quim Ávila, Lluís Marquès
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol, Français
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h47mn
- Titre original : Girasoles silvestres
- Date de sortie : 2 août 2023

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Résumé : À Barcelone, Julia, vingt-deux ans, élevant seule ses deux enfants, rêve de liberté et d’émancipation. Comme un tournesol suivant sans relâche la lumière, elle part chercher le soleil sous d’autres horizons. Lorsque le hasard remet sur son chemin deux hommes qu’elle a connus par le passé, la voilà confrontée à des émotions contraires.
Critique : Quoi de mieux que la joie de l’été, les grandes plages ensoleillées de Barcelone, et cette jeune mère qui se prélasse sur le sable pendant que ses deux enfants gambadent dans les flots ? Et pourtant, dès cette première séquence, malgré l’insouciance apparente, le danger semble déjà là. Celui d’une tout jeune maman, juste sortie de l’adolescence, qui doit composer avec les responsabilités parentales et le droit à une certaine innocence encore. Les tournesols sauvages est tout entier centré sur le personnage de Julia qui se redécouvre amoureuse au fur et à mesure que l’intrigue avance. Trois récits s’engagent autour d’elle, trois récits d’amour où elle doit faire face à des hommes immatures, bien loin des responsabilités que le métier de parent engage.
La caméra de Jaime Rosales se plaît à aller à la rencontre du visage de Julia. On pense au film de Pialat, À nos amours, dans cette capacité à cerner la jeunesse, le désarroi et la volonté inébranlable de trouver le bonheur. Car, sans jamais verser dans le drame lacrymal, le portrait de cette jeune femme mêle toutes les émotions possibles pour une fille se voulant amoureuse et qui, sans doute, a été maman trop tôt. Il n’y a jamais dans le propos de misérabilisme ou au contraire de superficialité. Le ton est juste, posé, dans une continuité narrative qui fuit l’extraordinaire et la dramaturgie. Parfois, des musiques lyriques font leur apparition, sans jamais alourdir la narration.
- Copyright Quim Vives
Les tournesols sauvages s’assume comme un film initiatique au service du récit de cette jeune Julia, très ancré dans la réalité contemporaine. Les relations parents-enfants sont à la fois empruntes de complexité et de simplicité, qu’il s’agisse de celles qui unit Julia à ses enfants ou son propre père. Le téléphone portable, la musique électronique, les lieux dansants s’insèrent dans cette histoire de grandissement à la vie et au bonheur, tout en préservant la caractère quasi universel de cette jeune fille. La jeune comédienne, Anna Castillo illumine le récit de sa candeur, sa joie de vivre et parfois sa mélancolie. Elle incarne parfaitement toutes les étapes de l’existence de son personnage, tiraillé entre son projet d’émancipation, son rôle de mère et sa jeunesse. La maturité finit par gagner la jeune femme qui est pourtant à chaque fois renvoyée à la solitude de sa fonction maternelle et l’égoïsme des hommes, jusqu’à peut-être la dernière relation où l’on perçoit enfin un espoir pour Julia.
- Copyright Quim Vives
Les tournesols sauvages apparaît comme un film militant sur la condition féminine en Europe, à l’heure où nos sociétés occidentales se targuent souvent de donner des leçons d’égalité aux femmes du monde. On peut regretter le parti pris sans concession du réalisateur pour Julia, mais la beauté du film se trouve dans le combat inébranlable que le jeune femme mène pour sa liberté, le respect qui lui est dû et son projet d’indépendance. Par extension, le long-métrage raconte l’effort que les hommes doivent encore accomplir dans nos sociétés modernes pour faire droit à une égalité totale entre les genres. Jusqu’à cette fin magnifique où enfin la vérité et l’authenticité gagnent sur le mépris de classe.
- © Condor Distribution