Le 15 avril 2021
En guise de premier long-métrage, Bertrand Mandico nous offre une épopée au cœur d’une imagerie aussi gothique que queer. Ce travail sur les corps et les désirs ne plaira pas aux censeurs de Civitas... une raison de plus d’en faire un film culte !
- Réalisateur : Bertrand Mandico
- Acteurs : Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel, Mathilde Warnier, Anaël Snoek
- Genre : Fantastique, Érotique, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : UFO Distribution
- Editeur vidéo : UFO Distribution
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 15 avril 2021 23:20
- Chaîne : Arte
- Box-office : 43.405 entrées France / 20.246 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 28 février 2018
- Festival : L’Etrange Festival 2017
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Résumé : Début du XXe siècle. Cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage. Ils sont repris en main par le Capitaine, le temps d’une croisière répressive sur un voilier. Les garçons se mutinent. Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation luxuriante. La métamorphose peut commencer…
Critique : Ces cinq dernières années, ses courts-métrages sulfureux avaient déjà fait scandale, et voilà que Bertrand Mandico répond enfin aux attentes de ses fans en s’attaquant au format long (trop long ?) Ces derniers ne pourront nier que le provocateur est resté dans la droite lignée de ses précédents travaux puisque l’imagerie organique qui inonde la direction artistique des Garçons Sauvages, faite de végétation très sexuée, de corps nus et d’éclaboussures évocatrices, est exactement la même que dans son très remarqué Notre-Dame des Hormones. Attendons toutefois de voir ses prochaines propositions avant d’accuser le réalisateur de manquer de renouvellement, car ce premier long-métrage s’avère être une fantasmagorie littéralement transgressive et la mise en image d’un fascinant univers chimérique qui n’a pas cessé de nous hanter.
Dès les premières minutes, la photographie en noir et blanc et l’omniprésence d’une voix off sentencieuse posent les bases formelles de ce poème macabre et dérangeant. C’est justement dans ce sens que nous mène une scène explicite de viol. Cet acte collectif, censé figurer la solidarité entre cinq jeunes garçons, est filmé avec une violence teintée de lyrisme qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui perpétré dans Orange mécanique. Peu avare en gros plans de pénis en action, cette introduction a aussi pour vocation de nous prouver la prétendue masculinité de ces gamins sans scrupule. La suite n’en sera que la conséquence puisque la punition à cet outrage n’est autre que la mise à mal de cette virilité brutale par un pouvoir autoritaire (hétéro-fasciste diront certains) incarné par un personnage de Capitaine anxiogène.
- Copyright EcceFilms
Si le principal reproche à faire aux Garçons Sauvages est sa durée, c’est assurément du fait d’une partie axée sur un voyage en bateau, au cours de laquelle la finalité semble floue et qui, en terme de rythme, fait quelque peu office de ventre mou. Impossible toutefois d’en dire autant dès l’arrivée sur une « île du plaisir » où le visuel chromatique nous renvoie automatique à Sa Majesté des Mouches, une référence assumée par Mandico dans la peinture qu’il fait de la fin de l’enfance. C’est aussi là que toutes les obsessions semblent prendre forme, accentuant toujours plus les troubles jusque-là sous-jacents. En effet, au gré de son évolution, la narration s’amuse à nous perdre entre un soi-disant réalisme morne - et non moins chargé de symbolisme phallique aguicheur - et les divagations et autres fantasmes des cinq personnages identifiables à leurs couleurs parfois saturées et leurs effets de montage baroques.
C’est d’abord dans ces passages oniriques et orgiaques que l’identité sexuelle des garçons est peu à peu remise en question, jusqu’à ce que la question du genre ne vienne subitement chambouler la réalité. Ceci se fait de manière méta-filmique puisque l’on en vient à découvrir – à moins bien sûr d’avoir précédemment consulté le casting – que ces adolescents étaient dès le début incarnés par cinq actrices, à savoir Mathilde Warnier, Vimala Pons, Pauline Lorillard, Diane Rouxel et Anaël Snoek. Une duplicité perturbante s’il en est.
Dans une conclusion qui s’évertue à opposer violences masculine et féminine, la représentation des hommes et femmes telle que le politiquement correct l’impose aux divers arts est farouchement bousculée. C’est bien là la finalité de cette pure fantaisie queer dont la radicalité formelle peut déconcerter mais sert un propos revendicatif fort. La première pierre à l’édifice d’un auteur à suivre.
Les suppléments DVD & Blu-ray :
– "A côté du volcan", d’Elina Löwensohn
– Journal et impression filmé en super 8 sur le tournage des Garçons sauvages (2018)
– L’archipel des oubliés, un film englouti de Bertrand Mandico
– Plans et séquences inédites des Garçons Sauvages (2018)
- Copyright EcceFilms
– Sortie DVD & blu-ray : le 4 décembre 2018
– FIFIB 2017 : Grand Prix du Jury « Domaine Clarence Dillon »
Remis par Nicolas Maury, Mariam Al Ferjany, Rachel Khan, Sabrina Seyvecou et Yann Gonzales
Galerie Photos
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