Le 3 décembre 2022


- Dessinateur : Yslaire
- Collection : Aire Libre
- Genre : Poésie
- Editeur : Dupuis
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 18 novembre 2022
Le recueil de poèmes de l’édition non censurée de 1857 illustrés par Yslaire
Résumé : Recueil jalon de la poésie française, les {Fleurs du Mal} de Baudelaire connaissent une édition enrichie des somptueux dessins d’Yslaire, le plus romantique et symboliste des auteurs de bandes-dessinées.
Critique : L’attraction, la chute, l’attirance, peu importe comment on peut la nommer, était inéluctable. Après Mademoiselle Baudelaire, fresque biographique et symboliste sur la vie d’un auteur dont il partage la rime riche et la sonorité aérienne, Yslaire se devait d’illustrer l’iconique recueil des Fleurs du Mal. Après Orazi ou Matisse, le dessinateur rejoint donc une lignée d’admirateurs farouches, hantés par les écrits au point de les retranscrire dans leurs images. Forcément, on se rapproche de certaines peintures décadentes et symbolistes, les chimères et autres créatures mythologiques venant s’enrouler autour de femmes lascives, les signes et références religieuses étant entravées par des déformations du malin, mais sans jamais interférer avec les poèmes dont les titres imposants se détachent toujours et dont les vers intemporels se lâchent comme autant de mots évidents ou déments, où le Spleen côtoie l’idéal, mais en le faisant trébucher bien souvent au son et au rythme des paroles lugubres et des constats impuissants.
© Dupuis / Yslaire
Les amateurs de Sambre retrouveront avec plaisir certains traits, expressions et regards propres à la saga qui, l’auteur l’avoue lui-même, a servi de terreau fertiles pour ses recherches sur ce poète du XIXe siècle, si loin et pourtant si proche de lui. Plus que l’homme, c’est un canal vers d’autres symboles qui est fait roi, tout comme Lovecraft était un homme petit mais dont l’œuvre a exercé une influence considérable sur des générations e dessinateurs dans le monde. L’écho baudelairien est donc sans limite, et Yslaire le prouve, gravant dans un repli du corps, dans le déchirement d’une blessure, dans le désespoir d’un oeil vide, toute la force brutale ou délicate d’un vers, que ce soit un portrait dans le Vin du Solitaire ou, plus attendu mais moins éclatant, le gros plan d’une Charogne.
Comme une évidence, Yslaire et Baudelaire sont désormais mêlés à jamais dans le fleuve impétueux de la littérature, prouvant que la grandeur d’une oeuvre se situe aussi dans sa postérité et dans l’inspiration sans cesse renouvelée qu’elle a pu produire.
256 pages – 35 €