À l’heure où Les refuges de pierre (Presses de la Cité) caracolent dans le peloton de tête des meilleures ventes, petit retour sur les quatre premiers tomes de la saga préhistorique traduite en vingt-huit langues et tirée à des chiffres qui donnent le vertige. Les enfants de la terre, c’est la vie d’Ayla, la petite orpheline, seule rescapée d’un tremblement de terre, à laquelle Jean M. Auel consacre, depuis vingt-cinq ans, tout son temps et toute son énergie. L’intérêt de son œuvre n’est pas l’histoire d’amour entre la blonde Ayla et le blond Jondalar (quoiqu’elle ait probablement boosté les ventes auprès des lectrices de la presse du cœur), c’est le soin mis à la reconstitution historique : de quoi se nourrissaient nos ancêtres, quels étaient leur rapport avec les animaux, la nature, quelles étaient leurs croyances ? De même, le regard empathique porté sur les personnages nous les rend proches par les sentiments qu’ils éprouvent. On est bien loin de la caricature de l’homme de Cro-Magnon, vêtu de peaux de bête, brandissant d’une main sa massue, traînant de l’autre sa compagne par les cheveux. Magnifique voyage du sud-ouest de la France aux rives de la mer Noire... et retour, dans les paysages de l’Europe d’il y a trente mille ans, admirablement documentés, Les enfants de la terre - même s’ils ne sont pas de la grande littérature - réussissent ce tour de force de nous rendre proches ces groupes d’hommes et de femmes, nos grands-pères et grand-mères du paléolithique.