Le 16 juin 2017


- Dessinateurs : Mardon, Grégory, Grégory Mardon
- Genre : Drame, Romance
- Editeur : FUTUROPOLIS
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 18 mai 2017
Grégory Mardon et Futuropolis nous offrent un très bel album, sorte de "road-movie" atypique, sur fond de chagrin d’amour.
Achille, un trentenaire parisien, fraichement célibataire, vient d’acquérir un petit appartement, à la suite de la mort de la propriétaire, Suzanne, une vieille dame de 76 ans. Il entame naturellement des travaux de rafraichissement. C’est en décollant le linoléum devant la porte d’entrée qu’il découvre une lettre datant de 1976. La conclusion est facile : le facteur a dû, en la glissant sous la porte, la faire passer sous le lino. Cette lettre n’est donc jamais arrivée jusqu’à sa destinataire. Tenaillé par la curiosité, incapable de trouver un héritier que cette situation intéresse, Achille finit par l’ouvrir. C’est une lettre d’amour, dans laquelle Tristan (bien sûr), invite fiévreusement Suzanne à le rejoindre à Marseille.
Pour Achille, qui se remet difficilement d’une rupture douloureuse, c’est le choc. S’identifiant à cet amant éconduit par le hasard et le temps, il décide, sur un coup de tête, de descendre à Marseille en scooter pour lui rendre sa lettre. C’est aussi l’occasion pour lui de mettre de la distance entre lui, son ex, et leurs souvenirs en commun. L’histoire d’une renaissance, en somme. Comme si le fait de mettre un point final à l’idylle contrariée de Suzanne et Tristan pouvait lui permettre de clôturer dans le même temps son histoire avec cette femme dont on n’apprend jamais le nom.
Et c’est fascinés que nous suivons son périple. Chaque tour de roue semble le rapprocher de Marseille et de son renouveau. Superbe allégorie de la reconstruction et de ses difficultés après une rupture, cet album est servi par le dessin magnifique de Grégory Mardon qui fait la part belle aux personnages mais aussi aux paysages, car après tout, on ne peut pas prendre l’autoroute avec un Vespa, mais au moins on en prend plein les yeux. Semi-réaliste, ce dessin sait se faire plus expressif, voire surréaliste ou métaphorique pour exprimer le torrent d’émotions traversant Achille lors de cette Odyssée, qui ne le conduit pas forcément là où il le voulait, mais qui lui permet de trouver la paix, un processus quasiment thérapeutique qui fait écho aux derniers mots que lui a adressé son amour perdu : "prends soin de toi". Un magnifique album à lire de toute urgence, coup de cœur du mois.
136 pages - 22 €.