Roslyn = Marylin
Le 12 mai 2010
Une triste histoire de cow-boys et de fée blonde perdus sur terre. Fondamentalement tragique, Les misfits. Parce qu’il raconte une triste histoire de cow-boys et de fée blonde perdus sur terre. Mais aussi parce qu’il fut le dernier film de Marilyn Monroe et Clark Gable. Leur dernier chef-d’œuvre.
- Réalisateur : John Huston
- Acteurs : Marilyn Monroe, Clark Gable, Montgomery Clift, Eli Wallach, Thelma Ritter, Kevin McCarthy, Estelle Winwood, James Barton
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Ciné Sorbonne (reprise)
- Editeur vidéo : MGM/United Artists
- Durée : 2h05mn
- Date télé : 6 décembre 2021 20:55
- Chaîne : Arte
- Reprise: 16 août 2017
- Titre original : The Misfits
- Date de sortie : 19 avril 1961
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– Regards croisés : Les misfits, le roman d’Arthur Miller
Résumé : Années 50, Reno, Nevada, capitale de l’industrie matrimoniale et des machines à sous. Une jeune divorcée se lie d’amitié avec un groupe de « misfits » (« désaxés ») composé d’un cow-boy vieillissant, d’un mécanicien au cœur brisé et d’un cavalier de rodéo usé par le temps. Le petit groupe part chasser le mustang sauvage...
Critique : Désert du Nevada, paysage lunaire. Plan large. Au centre, une femme. Blonde. Qui hurle : "Vous n’êtes heureux que quand vous voyez quelque chose mourir. Pourquoi ne pas vous tuer pour être heureux ? Vous et votre pays de Dieu ! La liberté !" Contrechamp, plan serré : trois hommes, qui encaissent. Trois désaxés. Les misfits. Un film "difficile et tragique".
- Copyright Ciné Sorbonne / Park Circus / MGM Studios
Le qualificatif est d’Arthur Miller, auteur d’un scénario écrit pour que Marilyn Monroe, son épouse, "se sente bien" [1] Pour qu’elle trouve enfin un rôle dramatique à la mesure de son talent. Marilyn joue Roslyn, jeune divorcée qui croise dans l’Ouest la route de trois hommes, deux cow-boy (Gay/Clark Gable et Perce/Montgomery Clift) et un pilote (Guido/Eli Wallach) capturant les chevaux sauvages pour les vendre aux fabricants de nourriture pour chiens. Roslyn, fée adorable, adorée, s’enthousiasmant pour tout, ayant, comme le lui dit Gay, "un don pour la vie", mais fée triste qui cherche sa place dans le monde et appelle à l’aide.
Roslyn, sœur de Marilyn : "Même enfance difficile, même relation névrotique avec la mère, faite d’intimité et de rejet, même angoisse, même solitude, même sentiment d’abandon, même regard émerveillé et enfantin sur le monde dès qu’il s’agit d’enfants ou d’animaux ; mais cette admiration candide se transforme en scepticisme aussitôt que les hommes s’approchent un peu trop près et tombent amoureux d’elle," écrit Serge Toubiana [2]. En Roslyn, Marilyn se montre parfaite. "Elle était merveilleuse, dira John Huston. Elle ne jouait pas. Elle vivait vraiment son rôle."
- Copyright Ciné Sorbonne / Park Circus / MGM Studios
Mais elle vivait aussi sa vie, et le tournage sera pénible, marqué par une hospitalisation de quelques jours de l’actrice, par la fin de son mariage avec Miller ("J’avais conçu ce film comme un cadeau pour elle et j’en suis ressorti sans elle."), puis, peu après la dernière prise, par la mort de Gable, victime d’un malaise cardiaque. Mais du chaos qui régna pendant le tournage des Misfits, Marilyn n’est pas seule en cause : "L’écrasante chaleur, les nombreux déplacements et difficultés inhérentes d’un tournage en extérieurs, les scènes difficiles et dangereuses de rodéo puis de captures des chevaux, enfin toutes les tensions au sein de l’équipe entraînèrent un retard de plusieurs semaines", note Toubiana. Et puis, comme le précise Miller, il n’y avait de toute façon pas de quoi être heureux : "Même s’il se termine sur une note d’espoir, ce film est fondamentalement tragique, dans l’approche qu’il a de l’Amérique et des personnages. Les personnages sont coupés du monde, ils font beaucoup d’efforts pour exprimer des sentiments entre eux, sans réellement y parvenir."
Reste que le film est là, et que c’est un chef-d’œuvre, où éclate la solitude de ce quatuor de paumés (et d’acteurs magnifiques). Trois hommes davantage perdus, décalés du monde "moderne" que désaxés (le titre en français), et une femme en quête de son étoile. Arthur Miller aurait souhaité, au final, moins de gros plans. Il aurait voulu "des personnages perdus dans l’immensité du paysage". John Huston a pourtant réussi à s’en passer, s’appuyant sur un noir et blanc plus oppressant que ne l’aurait été la couleur qui devenait alors la règle, et resserrant son cadrage pour mieux le laisser exploser lors de la chasse des chevaux. Le désespoir qu’hurle Roslyn, seule dans le désert, est terrible.
[1] The Misfits - Chronique d’un tournage par les photographes de Magnum., de Arthur Miller et Serge Toubiana, éditions Cahiers du cinéma.
[2] Idem, comme pour les citations suivantes.
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