Lire et relire
Le 4 septembre 2002
L’union de deux solitudes dans quête éperdue d’amour, ce puits sans fonds, impossible à combler.


- Auteur : Arthur Miller
- Genre : Classique de la littérature

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Reno, capitale du jeu et du divorce, où viennent s’échouer des destins brisés en quête d’humanité. Gay et Guido y étirent une vie sans âme, entre rodéos, combines minables et rencontres de pacotille. C’est dans ce présent figé que va apparaître Roselyn, comme une étoile éphémère et inaccessible, là où les femmes passent et ne restent pas.
Gay et Roselyn vont unir leurs solitudes, creusant un peu plus leurs fêlures, sous le regard de Guido, lourd de désir. Pierce, le baroudeur sans mémoire, va les entraîner dans une partie de chasse où la violence de la traque fera écho à celle des sens et des sentiments, décuplés par l’immensité du désert.
L’écriture est rapide, au présent, presque un script, et d’ailleurs, Miller prend la peine d’avertir le lecteur, en préface. A l’époque, le procédé est insolite, mais le roman est déjà destiné à devenir un film. Arthur Miller, John Huston, Marilyn Monroe, l’affiche des Misfits ne fait pas dans la demi-mesure. L’histoire a érodé les mémoires, et le roman est devenu témoignage, testament, cri de désespoir. Ici, tout est mise en scène d’une rupture qui se consommait déjà dans la vie. Tout est constat d’impuissance, face à cette quête éperdue d’amour, ce puits sans fonds, impossible à combler.
Miller avait sans doute compris Marilyn mieux que personne, il avait pris la mesure de sa propre impuissance. Personne n’y croit plus, la solitude se traîne comme un boulet dans cette incurable déréliction.
Arthur Miller, Les misfits, (The misfits, traduit de l’anglais par René Masson), 10/18, 190 pages, 5,80 €
Regards croisés : Les misfits, le film de John Huston