Le 25 juillet 2023
Film amer et visionnaire, construit sur le jeu d’un incroyable Finney. Malgré une baisse de ton inattendue, il reste encore l’œuvre d’un grand maître.
- Réalisateur : John Huston
- Acteurs : Albert Finney, Jacqueline Bisset, Anthony Andrews, Katy Jurado, Ignacio López Tarso
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Mexicain
- Durée : 1h52 mn
- Reprise: 7 octobre 2020
- Titre original : Under the Volcano
- Date de sortie : 12 septembre 1984
- Festival : Festival de Cannes 1984
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Résumé : Un ancien consul britannique au Mexique est en proie à des délires autodestructeurs depuis que son épouse l’a abandonné. Accro à l’alcool, il continue de chercher obstinément la fin, même lorsque sa femme lui revient.
Critique : Imprégné par une atmosphère funèbre, présente depuis le générique de début - une parade de squelettes habillés pour la fête des morts - Au-dessous du volcan peut être considéré comme le premier volet d’une trilogie de John Huston dédiée à la réflexion sur la mort. Si dans la comédie noire L’honneur des Prizzi (1985) la mort est pour ainsi dire exorcisée, elle est célébrée dans le chef-d’œuvre Gens de Dublin (1987). Dans Au-dessous du volcan, tiré du roman semi-autobiographique de Malcolm Lowry (par ailleurs jugé infilmable par des réalisateurs du calibre de Buñuel et Losey), la mort est défiée, moquée, même ridiculisée par le protagoniste.
Le long métrage raconte en effet les dernières vingt-quatre heures d’un ancien consul britannique au Mexique, désormais retiré dans la petite ville de Cuernavaca, sur les pentes du volcan Popocatepetel. Complètement ivre, constamment entre lucidité occasionnelle et étourderie désespérée, Geoffrey Firmin se noie littéralement dans l’alcool et l’autodestruction car il est mortellement blessé dans son orgueil et ses sentiments par la trahison de son épouse (avec son jeune demi-frère) qui, bien qu’exaspérée par le comportement de son mari, revient pour tenter de recommencer une vie à deux. Progressivement, ce défi contre mort entraîne non seulement Firmin, mais également son épouse (qui se propose comme l’antidote, à la fin) et le demi-frère (ancien partisan de la guerre civile en Espagne, revenu aussi au Mexique) dans un jeu continu de cache-cache, entre celui qui est la victime et celui qui est le bourreau. Au fil des dialogues, les traîtres supposés mettent de côté le passé pour prendre en charge le présent et l’avenir du trahi qui, à son tour, se venge de l’offense subie avec des condamnations sans objections, qu’il regrette un instant après les avoir prononcées.
Il s’agit d’une descente impitoyable aux Enfers, éclairée par la grâce et l’angoisse chromatique de la photographie du maître Gabriel Figueroa, qui saisit autant l’inquiétante atmosphère des tavernes que la mélancolie sublime du plein air, le tout amalgamé par la musique dissonante et en contrepoint d’Alex North. L’abandon au sort et la fierté dans la défaite trouvent en Finney un interprète surprenant, même s’il est parfois à la limite de la caricature. Et à bien regarder, même le climat baroque de la mort n’échappe pas complètement aux risques d’un certain maniérisme. Il s’agit d’un volcan qui crache une lave incandescente, produite par les rêves brisés des personnages, un délire alcoolique dans lequel la prémonition de la fin se mêle à la nostalgie des choses perdues, incarnées avec souffrance et complexité par l’extraordinaire Jacqueline Bisset.
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