Le 25 juillet 2023
Saisissant l’agitation de la période historique marquée par le tourment des vétérans de la guerre du Vietnam, Huston met en scène la parabole d’un garçon qui, après son retour à la société civile, est frappé par un prédicateur aveugle le conduisant à suivre son chemin.
- Réalisateur : John Huston
- Acteurs : Harry Dean Stanton, Brad Dourif, John Huston, Ned Beatty, Amy Wright, William Hickey
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Allemand
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 17 novembre 2024 22:40
- Chaîne : TCM Cinéma
- Reprise: 7 octobre 2020
- Titre original : Wise Blood
- Date de sortie : 24 mai 1979
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Hazel Motes vient d’être démobilisé et retourne dans son village situé dans un État du Sud où son grand-père était prêcheur évangélique. La guerre lui a troublé les esprits et une fois installé en ville, il rencontre des êtres aussi déboussolés que lui.
Critique : Le vétéran Hazel Motes revient dans sa ville natale dans le sud profond des États-Unis. La campagne s’est vidée, ainsi que la ferme familiale. Après une visite aux tombes de sa mère et de son grand-père prédicateur (joué par John Huston lui-même), Hazel, avec de nouveaux vêtements et un nouveau chapeau, monte dans le train pour la ville de Taulkinham. Ici, après avoir rencontré le prédicateur de rue Asa Hawks, Hazel décide de répandre sa propre religion, celle de « l’Église de la vérité sans le Christ », créant une congrégation de traînards. La parabole tragi-comique de Hazel Motes est le portrait parfait d’une Amérique en plein désarroi après la guerre du Vietnam. Une génération qui a renoncé aux valeurs de dieu et de la patrie pour rechercher une nouvelle forme d’autodétermination, mais qui ne peut que tourner en rond et subir la cruauté de la société moderne. Malgré la critique de la figure des prédicateurs religieux et de l’exploitation de la foi à des fins lucratives, John Huston ne propose pas un travail de dénonciation sociale mais une triste histoire sur la solitude désespérée de la jeunesse américaine, à la perpétuelle recherche d’une figure paternelle. Pour ce film peuplé par des personnages errants et schizophrènes, l’intrigue ne pouvait que se passer dans le sud profond des États-Unis, berceau de la american white trash, faite de racisme endémique et d’accents presque incompréhensibles. Dans cette longue galerie de maisons usées, de cinémas de banlieue et d’ateliers de mécanique malmenés émeut une humanité grotesque et délirante qui trouve son meilleur représentant dans Hazel Motes : un fou qui tente d’apporter le salut à d’autres fous mais qui ne peut que succomber à sa condition et rechercher une forme d’expiation morale dans le martyre physique. Le style de mise en scène de John Huston est d’une précision mécanique, donnant au film une atmosphère écrasante bourrée d’humour noir. Pourtant, ce qui est le plus étonnant, c’est le sentiment d’assister à la première œuvre d’un jeune réalisateur plein de talent et pas à un autre chef-d’œuvre d’un doyen du cinéma. L’intelligence de Huston se retrouve aussi dans le choix des acteurs : Brad Dourif, Harry Dean Stanton, Ned Beatty sont en fait les nouveaux talents du Nouvel Hollywood qui peupleront certains films d’auteur des années quatre-vingt. Avec la photographie de Gerry Fisher et les musiques d’Alex North, Le malin est un OVNI voyageant à travers le sud rural, un film de frontière, un objet non déchiffré imprégné d’ironie sombre, un corbillard lancé sur la route, qui procède sans relâche sa propre course, en attendant de trouver un mur contre lequel s’écraser et en finir une fois pour toutes.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.