Le 25 juillet 2023
Le second long métrage de Claude Chabrol est emblématique de plusieurs constantes de la Nouvelle Vague et annonce ses grands drames bourgeois.
- Réalisateur : Claude Chabrol
- Acteurs : Stéphane Audran, Jean-Claude Brialy, Juliette Mayniel, Gérard Blain, László Szabó, Guy Decomble, Claude Cerval, Jeanne Pérez, Paul Bisciglia, Geneviève Cluny, Jean-Pierre Moulin, Sophie Grimaldi
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Cocinor
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 11 mars 1959
- Festival : Festival de Berlin 1959
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Résumé : Charles, jeune provincial sérieux et travailleur, débarque à Neuilly chez son cousin Paul, cynique et grand séducteur. Tous deux travaillent leur droit. Charles tombe alors amoureux de Florence, mais Paul en fait sa maîtresse...
Critique : Second long métrage de Claude Chabrol, après Le beau Serge, Les cousins permet au réalisateur de retrouver son duo d’acteurs, Gérard Blain et Jean-Claude Brialy. Coécrit avec Paul Gégauff, avec lequel il collaborera à plusieurs reprises, le scénario met l’accent sur le contraste entre les deux cousins, au-delà de la convivialité et de la sympathie qu’ils semblent éprouver au départ l’un pour l’autre. Charles est introverti, calme et sérieux, quand Paul est un beau parleur superficiel et mondain. On songe à l’antagonisme entre Delon et Ronet dans Plein soleil de Clément, coadapté par Gégauff d’après Patricia Highsmith ; ou encore au Fanfaron de Risi qui voyait Gassman perturber la quiétude de Trintignant. Mais au-delà de la psychologie des deux protagonistes, Les cousins est également le portrait d’une certaine jeunesse vivant à Paris, un thème cher aux réalisateurs de la Nouvelle Vague, les rues de la capitale étant en outre filmées avec la même spontanéité que dans À bout de souffle ou Adieu Philippine. Chabrol se focalise sur une jeunesse plutôt dorée, la peinture acerbe de la bourgeoisie étant sa spécialité, ce que confirmeront certains de ses futurs grands films comme La femme infidèle.
Certes, Les cousins n’est pas sans défauts, essentiellement dans sa première partie. L’existence festive et futile de Paul et ses amis n’a pas la magnificence de La dolce vita, l’humour est plutôt balourd et l’interprétation souffre autant du cabotinage de Brialy (pourtant débutant) que du jeu atone de Blain, comme si les deux acteurs étaient broyés à l’extrême par la caractérisation de leurs personnages. Mais le métrage séduit par la suite, quand la tension dramatique laisse présager le pire, une jeune femme venant s’immiscer dans le quotidien des deux garçons. L’actrice Juliette Mayniel, que l’on reverra chez Franju et Mocky, lui prête sa beauté trouble ainsi que son jeu nuancé et délicat. En passant de la légèreté à la gravité, Chabrol semble tirer les leçons d’un Ophüls (même si son maître est Renoir), tout en réitérant l’ambiance de certains films noirs américains qu’il vénère (la dernière séquence est à cet égard prodigieuse). Il est également frappant de voir en ces Cousins un cinéma certes témoin de l’art de la Nouvelle Vague, mais aussi empreint d’un certain classicisme français, ce que traduiront des films comme Violette Nozière ou La cérémonie : une narration limpide, des dialogues d’auteur, et un certain attachement à des seconds rôles excentriques, ici campés par Claude Cerval en parasite cynique, Guy Delorme en libraire bienveillant mais moraliste, ou Jeanne Pérez en concierge espiègle.
Le film fut bien accueilli au Festival de Venise 1960 où il reçut l’Ours d’argent. Il devait assoir la notoriété de Chabrol qui enchaînera ensuite avec À double tour et Les bonnes femmes.
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