Il était une fois en Amérique
Le 5 mai 2004
En quatre romans, Michael Collins a réussi à saisir la quintessence d’une Amérique désorientée.
- Auteur : Michael Collins
- Editeur : Christian Bourgois
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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Irlandais de pure souche installé désormais à Seattle, Michael Collins a réussi en quatre romans à saisir la quintessence d’une Amérique désorientée.
Il n’y a pas chez Michael Collins cette violence et cette rage qui traverse l’œuvre de certains grands écrivains américains, comme Hubert Selby par exemple. Mais le regard inquiet qu’il pose sur une Amérique en perdition n’en est pas moins terriblement réaliste et efficace. Son statut d’expatrié (il est né et a vécu en Irlande avant de rejoindre Seattle) lui permet le luxe d’interroger avec un certain détachement cette petite communauté du Middle West, ceux qu’il appelle Les âmes perdues. Jusqu’à quel point les habitants d’une petite bourgade à cent cinquante kilomètres de Chicago sont-ils prêts à se vendre pour toucher du bout des doigts le rêve américain ? C’est ce que chacun va être amené à se demander après cette tragédie d’un soir d’Halloween.
Tout commence comme dans un polar : Lawrence, le flic (divorcé déprimé et solitaire naturellement) de Hicksville retrouve le corps sans vie de la petite Sarah Kendall, heurtée par une voiture. Rapidement, les soupçons se portent sur Kyle Johnson, la vedette locale qui pourrait amener l’équipe de foot dont il est capitaine en finale d’État. Mais le maire et le chef de la police lui font comprendre qu’il vaudrait mieux étouffer l’affaire. Voilà donc notre anti-héros face au dilemme de son existence : tomber encore plus bas dans le déni de soi et vivre en attendant une hypothétique promotion en récompense de sa fidélité ou chercher la vérité. Obsédé par la mère de la gamine, Lawrence mène l’enquête malgré les pressions et les manipulations. La trame de l’enquête policière tient en ces quelques faits : elle est simple et réjouira les amateurs du genre mais ne s’avère être que le prétexte à une étude sociale de "l’Amérique d’en bas". Avec la même obstination que son héros, Michael Collins dissèque tous les mythes fondateurs détournés : religion, pouvoir, argent, sport... Contrastant magnifiquement avec une nation déliquescente, son écriture se fait chirurgicale et raffinée : elle s’insinue perfidement, avec langueur au fil des pages, pour mieux nous toucher au cœur et nous impressionner.
Michael Collins, Les âmes perdues (Lost souls, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Guiloineau), Ed. Christian Bourgois, 2004, 336 pages, 23 €
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