Le 18 août 2024
Un des grands films de Melville, hanté par les obsessions du réalisateur : l’absurdité de l’existence, la solitude, la mort. Dans ce polar métaphysique, Delon est inoubliable.


- Réalisateur : Jean-Pierre Melville
- Acteurs : Alain Delon, François Périer, Nathalie Delon, André Thorent, Carlo Nell, Cathy Rosier, Catherine Jourdan, Robert Rondo
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Les Films du Camélia , Prodis
- Durée : 1h45min
- Date télé : 18 août 2024 21:06
- Chaîne : France 2
- Reprise: 28 juin 2023
- Date de sortie : 25 octobre 1967
- Festival : Festival de La Rochelle 2022
– Reprise en version restaurée : 28 juin 2023
Résumé : Jeff Costello, dit le Samouraï est un tueur à gages. Alors qu’il sort du bureau où git le cadavre de Martey, sa dernière cible, il croise la pianiste du club, Valérie. En dépit d’un bon alibi, il est suspecté du meurtre par le commissaire chargé de l’enquête. Lorsqu’elle est interrogée par celui-ci, la pianiste feint ne pas le reconnaître. Relâché, Jeff cherche à comprendre la raison pour laquelle la jeune femme a agi de la sorte.
Critique : Les premières minutes du film, totalement silencieuses, sont un modèle d’épure et de hiératisme. Du Melville pur jus, avec pour décors déprimants, habillés de teintes froides, l’intérieur du tueur à gages ou des faubourgs déprimants sur lesquels se couchent des ombres fatales. Solitude, mort et tragédie ont toujours été les obsessions du réalisateur : tous ces éléments convergent dans le personnage de Costello, sicaire taciturne que Delon incarne de manière inoubliable. Cet assassin implacable constitue une sorte de pendant français à l’"homme sans nom" eastwoodien, puisqu’il est, comme lui, surgi de nulle part, d’une opacité fascinante, concentré sur ses missions, traversant le monde sans vraiment l’habiter, côtoyant ses semblables sans nouer avec eux des liens d’une indéfectible convivialité.
- LE SAMOURAÏ – © 1967 – PATHE FILMS – EDITIONS RENE CHATEAU – FIDA CINEMATOGRAFICA – LES FILMS DU CAMELIA
Mais on ne peut pas dire que les autres personnages qui composent une galerie d’hommes sombres ne se comportent pas à la manière de somnambules, égarés dans un cauchemar dont ils ignoreraient l’issue : ainsi, le commissaire, interprété par François Périer, récite une sorte de bréviaire du bon professionnel, agissant de manière tout aussi automatique que le tueur dont il traque l’existence.
- LE SAMOURAÏ – © 1967 – PATHE FILMS – EDITIONS RENE CHATEAU – FIDA CINEMATOGRAFICA – LES FILMS DU CAMELIA
Ce théâtre de marionnettes peut sembler factice à qui connaît les codes du polar et verrait dans la geste melvilienne une forme d’académisme propre aux années 60 et 70, même si l’approche behaviouriste des protagonistes constitue une indéniable originalité du réalisateur et qu’on ne saurait juger le metteur en scène à l’aune de ses multiples épigones, Tarantino et Woo, les premiers, peu avares de leur admiration pour le réalisateur français. Il y a, dans Le samouraï, bien plus que la saveur d’un film policier, qui tient à la trajectoire de Costello et à l’implacable influence d’un monde absurde. Melville ne cesse d’en documenter la consistance, à travers de multiples interrogations auxquelles le long-métrage ne donne aucune réponse.
criss 11 juillet 2023
Le samouraï - Jean-Pierre Melville - critique
Alain Delon au sommet de son art...solitaire,magistral...
J’adore.