Un Chinois éveillé
Le 15 février 2005
Entre l’essai et l’autobiographie, A Cheng dresse un portrait à la fois précis et concis de la Chine historique, littéraire ou religieuse. Le tout, à l’aide d’un humour décapant.


- Auteur : A Cheng

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C’est l’histoire d’un écrivain chinois, de ses références intellectuelles et de ses goûts romanesques. A moins que ce ne soit aussi l’histoire de la Chine racontée par un écrivain chinois... A moins, encore, que ce ne soit l’histoire d’une langue, le chinois, d’une littérature, celle de la Chine et de traditions, "les coutumes séculières"... En fait, Le roman et la vie est un peu tout ça à la fois, mille et une anecdotes, mille et un événements, petits et grands, qui jalonnent une vie d’homme ou les pages d’un manuel scolaire de l’époque des fiefs à celle de la République populaire. Mais que les tenants d’une quelconque idéologie officielle se rassurent, pas de risque de tomber sur une pensée déviante ou si peu, né en 1949, A Cheng n’a vécu que six mois à l’époque de la "vieille Chine". "Aucun problème sur le plan historique, seulement des pipis au lit ou des caprices", explique-t-il pour résumer cette courte période qui aurait pu le transformer en un affreux réactionnaire.
Peut-être les sinophiles, les sinologues, les sinophobes et autres peyrefittovores, n’apprendront-ils rien de nouveau sur la dynastie des Jin ou des Tang, sur Confucius, le taoïsme ou Laozi, sur l’emprunt au japonais pour traduire des concepts occidentaux, sur l’influence du Rêve dans le pavillon rouge ou celle, beaucoup moins élitiste aux dires de certains, de l’Ecole des canards mandarins et des papillons. Quoique... Malgré son petit format, le livre de A Cheng est riche de pensées singulières, de renseignements précis (hormis quelques références concernant la culture occidentale), de réflexions aussi brèves que tranchantes et, le plus important, d’une ironie omniprésente qui fait montre d’une totale liberté de ton et d’une vraie légèreté malgré un contenu dense. "Même les pères les plus sages ne sont pas infaillibles puisque le caractère ri (soleil) peut-être confondu avec une représentation pictographique de l’anus. Cela me fait une drôle d’impression que l’on ait appelé Mao Zedong le « soleil rouge » il y a vingt ans." Concédons-le à A Cheng, il y a quand même quelques "problèmes sur le plan historique"...
A Cheng, Le roman et la vie, L’Aube, coll. "Poche", 2005, 219 pages, 9 €