Woody, simply the best
Le 4 décembre 2013
À son meilleur, Woody Allen réalise avec Le rêve de Cassandre une tragédie moderne ultime et implacable avec Colin Farrell et Ewan McGregor, impériaux.
- Réalisateur : Woody Allen
- Acteurs : Ewan McGregor, Tom Wilkinson , Colin Farrell, Sally Hawkins, Hayley Atwell, Clare Higgins
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : TFM Distribution
- Durée : 1h43mn
- Titre original : Cassandra's Dream
- Date de sortie : 31 octobre 2007
Résumé : Sur un coup de cœur, deux frères s’offrent un voilier qu’ils baptisent "Cassandra’s Dream". Une vraie folie car ni l’un ni l’autre n’ont réellement les moyens d’assumer ce signe extérieur de richesse. Terry travaille dans un garage tandis que Ian dirige le restaurant de leurs parents. Lorsque le premier est confronté à une importante dette de jeu et que le second s’éprend d’Angela, ambitieuse comédienne de théâtre, ils sont obligés de solliciter l’aide de leur oncle Howard qui a fait fortune en Californie. En contrepartie de son solide coup de pouce financier, il leur demande de lui rendre un petit service.
Critique : Après la petite baisse de régime Scoop, Woody Allen reprend du poil de la bête avec Le rêve de Cassandre, troisième meurtre dans un jardin anglais, dont la réussite évoque celle de Match Point (renouvellement formel et narratif, volonté de chercher des noises à son propre cinéma, sublimation des acteurs, partie de ping-pong moral dérangeante). Il s’agit cette fois-ci d’une tragédie moderne où des personnages de rien deviennent des figures de mythologie gréco-romaine (on évoque Médée au gré des conversations, on pense à Rémus et Romulus). Preuve réelle de la vitalité du cinéaste : il lui faut juste dix minutes pour introduire ses personnages, placer la musique doucereuse de Philip Glass, situer le contexte et préfigurer des enjeux dramatiques brûlants. La suite est une succession de séquences discrètement virtuoses où le disciple de feu Bergman zigzague dans les méandres de son récit, court-circuite les conventions, farfouille dans les zones d’ombre de personnages rongés par la culpabilité qui passent ainsi au-delà de toute blancheur univoque vers le mystère et offre in fine de beaux contre-emplois aux deux acteurs principaux en frères Karamazov : l’angélique Ewan McGregor dans tout son machiavélisme et le bourrin Colin Farrell dans toute sa fragilité.
Tous les personnages secondaires qui évoluent autour d’eux (membres de la famille, petites amies respectives) semblent appartenir à un chœur antique qui dynamise la narration. Accessoirement, ils permettent tous à Allen d’explorer au plus profond ses obsessions dostoïevskiennes, notamment la thématique sur la loi, la pulsion et Dieu. Chaque plan est remarquablement découpé pour ausculter toutes les ambivalences morales qui agitent les deux frangins. Woody stimule. Longtemps. Plus que jamais, au pays de Shakespeare, le septuagénaire est au sommet de son art. Le rêve de Cassandre est une réussite totale au classicisme rutilant, aux réparties retorses, aux rebondissements implacables que nous serions gourds de ne pas célébrer.
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Norman06 27 avril 2009
Le rêve de Cassandre - La critique
Un Woody mineur est toujours bon à prendre, et vaut maintes œuvrettes surestimées. Certes, c’est moins divertissant que Scoop et moins subtil que Match Point mais Allen clôt honorablement sa trilogie (?) londonienne. Colin Farrell et Ewan McGregor sont utilisés avec habileté, le second jouant admirablement de sa veine noire. Et Tom Wilkinson est un tonton inquiétant.