Le 11 décembre 2007
L’excellent Renard et l’enfant a envahi les villes de France. Signe d’une revanche de la campagne sur nos paysages urbains ou au contraire n’est-ce pas là un manifeste mercantile cynique, exploitant notre sentiment de nostalgie pour une nature disparue. En tout cas, dans toute cette histoire de gros sous, la nature demeure la grande perdante alors qu’en cette saison de fêtes de Noël les distributeurs fourbissent leurs armes pour sortir victorieux d’une guerre aux entrées qui une fois de plus s’annonce acharnée.
L’excellent Renard et l’enfant a envahi les villes de France. Signe d’une revanche de la campagne sur nos paysages urbains ou au contraire n’est-ce pas là un manifeste mercantile cynique, exploitant notre sentiment de nostalgie pour une nature disparue. En tout cas, dans toute cette histoire de gros sous, la nature demeure la grande perdante alors qu’en cette saison de fêtes de Noël les distributeurs fourbissent leurs armes pour sortir victorieux d’une guerre aux entrées qui une fois de plus s’annonce acharnée.
Le spectateur peut légitimement se sentir harcelé à l’aube des fêtes. Les parents sentent la fébrilité des distributeurs de productions enfantines qui multiplient les efforts promotionnels autour de leurs derniers produits. Opus les plus visibles de cette fin d’année, ils bénéficient d’un affichage intensif et de partenariats juteux qui viennent contredire les efforts pédagogiques des dites productions. Et pour cause, l’on essaie d’inoculer aux gamins le respect de la nature, quand celle-ci est sempiternellement mise à mal par un marketing onéreux, absolument désastreux pour l’environnement. Les cas du Renard et l’enfant et de Bee movie sont symptomatiques de cette contradiction inhérente au système : deux long métrages familiaux qui prônent un équilibre entre la nature et les activités humaines, mais dont la sortie a pour conséquence immédiate un surnombre de copies (plus de 700 pour chacun des deux films) qui finiront au pilon dans moins de deux mois, et un impressionnant gaspillage de papier. La promo du Renard et l’enfant a été à ce titre remarquable. Les goupils ont effectivement envahi les rues de la capitale - ses murs, ses métros. Difficile de faire un pas sans s’attendre à percevoir le glapissement du bel animal. Alors est-ce la campagne qui prend d’assaut la ville ou au contraire la cannibalisation cyniquement assumée de la campagne par la ville ?
Dans ce sinistre constat, l’on ne peut pas reprocher aux auteurs et acteurs cette surenchère de promotion. L’industrie du cinéma, généralement de gauche, des deux côtés de l’Atlantique, est favorable aux valeurs écologiques - dans ses discours - et à une harmonisation sociale. Mais face à sa peur de la récession, elle peine à appliquer ces valeurs, embourbée dans les lacs d’une mondialisation exacerbée.
S’exposer ou mourir ! Les distributeurs n’ont donc pas d’autres choix que de grossir chaque année les frais de promotion s’ils ne veulent pas laisser les spectateurs indifférents face à une concurrence exponentielle.
Treize films s’affrontent ainsi dans nos salles cette semaine. Cinq souffrant d’une promotion quasi nulle (Des chiens dans la neige, Chroniques de 2005, Le blues de l’Orient, Petit à petit) ; trois surfant sur une promo réduite (La graine et le mulet, Je suis un cyborg) ; quatre autres jouissant d’une campagne publicitaire confortable (Comme ton père, Un baiser s’il vous plait, Si c’était lui, Elizabeth - L’âge d’or ) et enfin trois privilégiés à l’exposition massive (Big city, Le renard et l’enfant et Bee movie). Ceux qui concentrent les moyens les plus conséquents (respectivement Gaumont, Disney et la Fox) s’assureront sûrement le gros des entrées. Mais le revers reste toujours possible, comme l’a prouvé la première semaine américaine effroyable de A la croisée des mondes, 25 millions de dollars lors de son démarrage, pour un budget de 180 millions de billet verts. Cela sent bon le sapin pour son ours polaire, victime précoce de la fonte des glaces. Comme quoi, écologie, économie... On y revient toujours. La boucle est bouclée et au final c’est un peu la planète qui va droit dans le mur.
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