Le 8 mars 2020
Fable glaçante sur notre monde qui part à vau-l’eau, ce roman parle du mal comme émanant d’un pervers narcissique. Emmanuelle Pol, dans un style fluide et inquiétant, signe un livre qui paraît dangereusement réel.


- Auteur : Emmanuelle Pol
- Editeur : Finitude
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 5 mars 2020
Résumé : « Le Diable existe, je l’ai rencontré. » Un soir, chez un ami, elle fait la connaissance d’un homme étrange. Son intelligence aiguë, sa clairvoyance, son mystère la fascinent. Il devient son amant, mais se révèle vite cruel, toxique. Autour d’elle, le malheur et la violence se propagent comme une épidémie. Et s’il était le mal incarné ? Si c’était lui la cause de tous les maux qui secouent notre monde ? Les signes concordent, elle voit sa patte partout, dans chaque catastrophe, chaque tragédie, chaque conflit. Cette idée lui fait peu à peu perdre pied et fait vaciller ses certitudes d’intellectuelle citadine, rationnelle et athée. Dans cette fable contemporaine, Emmanuelle Pol explore l’ambiguïté d’une femme sous influence, victime ou manipulatrice, et propose une lecture originale des troubles qui agitent nos sociétés en crise, tentées par les extrêmes.
Notre avis : Et si notre monde devenait peu à peu celui de l’Apocalypse ? Et si bains de sang, révoltes, émeutes, meurtres devenaient le lot quotidien de chaque pays ?
C’est le postulat du Prince de ce Monde. La narratrice raconte sa ville qui devient le théâtre d’événements de plus en plus brutaux, et elle raconte sa vie. Son mari, Paul, et sa fille, Violette. Leurs multiples aventures extraconjugales, mais surtout ses histoires à elle. Histoires qui finissent par prendre un tout autre visage lorsqu’elle croise sa route. Cet homme, jamais son nom ne sera prononcé. Il restera une silhouette floue et menaçante, une peau brune, une paire d’yeux acier, un nez busqué et une ombre imposante. Un éternel « il » en italique, opaque, chargé d’un mystère malveillant. Après leur rencontre, tout commence à se dégrader. Rien ne va plus – et cela va de mal en pis. Sa fille a des visions, ses pensées à elle sont traversées par l’esprit du mal, ceux à qui elle souhaite de souffrir souffrent, le monde entier semble se tordre de douleur. Il se polarise, les extrêmes tiraillent la planète, le pays, finissent par l’emporter après l’avoir laissé exsangue.
Et si cette présence malsaine, celui qui sera décrit comme un pervers narcissique, était le diable en personne ? Peut-être est-ce sa faiblesse à elle qui lui a permis à lui de prendre le contrôle, d’effacer tout le bien de la terre ? Les pensées de l’héroïne deviennent confuses, paranoïaques. Elle qui voyait cette aventure comme un déclic, comme une épiphanie qui rendrait tout son monde plus clair, qui rendrait tout plus évident, sombre dans la panique et dans le tourment, dans une angoisse permanente, une terreur qui la maintiennent à terre et l’empêchent de se relever.
Allégorie du mal, cet homme redoutable semble être un assemblage de références religieuses anciennes et de personnalités nimbées d’une aura maléfique depuis peu - des agresseurs, les ennemis des femmes. Le prince de ce monde est ainsi à la fois un prédateur sexuel, mais aussi un mélange étonnant des Malins des différentes croyances – africaines, chrétiennes, païennes. À la fois rapace pour les femmes, et mauvais présage pour la société, il concentre nos inquiétudes actuelles, paraît être le mal à abattre, la tumeur à ablater.
Cette fable qui résonne étrangement à nos oreilles, comme un avertissement glaçant, est narrée dans un style à la fois fluide et haché. Les phrases sont courtes, simples, et d’autant plus menaçantes. C’est un livre tourmenté et âpre, grave et troublant, dangereusement actuel.
Emmanuelle Pol - Le Prince de ce monde
Éditions Finitude
192 pages
13,5 x 20 cm
Serge Bertran 9 mars 2020
Le Prince de ce monde - la critique du livre
Roman envoûtant et prémonitoire !
Cécile Peronnet 9 mars 2020
Le Prince de ce monde - la critique du livre
Il semble en effet dangereusement prémonitoire... Je n’irais pas jusqu’à le qualifier d’envoûtant mais il parvient à nous immerger dans ce futur proche si inquiétant.