Tir à la volée
Le 25 août 2009
Un petit polar mêlant amnésie et sales affaires de guerre pour une intrigue classique et efficace, réalisée par un Richard Fleischer au banc d’essai.
- Réalisateur : Richard Fleischer
- Acteurs : Bill Williams, Barbara Hale, Richard Quine
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
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– Durée : 1h03mn
– Titre original : The clay pigeon
– Sortie DVD : 8 septembre 2009
Un petit polar mêlant amnésie et sales affaires de guerre pour une intrigue classique et efficace, réalisée par un Richard Fleischer au banc d’essai.
L’argument : Traumatisé par la guerre et le camp dans lequel il était prisonnier au Japon, le marin Jim Fletcher a sombré dans le coma. A son réveil, il est accusé de meurtre. Afin de prouver son innocence, il s’évade et part avec ses anciens compagnons à la recherche du vrai coupable.
Notre avis : Au pays du film noir, les petits arrangements et les coups bas de la guerre peuvent se poursuivre bien après la fin officielle des conflits : c’est la leçon que pourrait retenir le héros de ce Pigeon d’argile, grand gaillard au profil psychologique taillé à la cisaille, capable de passer de la jovialité à la hargne si son territoire est menacé. Et c’est peut-être la versatilité propre à ce type de personnage qui fascine Richard Fleischer - dont les premières armes cinématographiques s’affutent ici dans un style encore très démonstratif et appuyé, qui s’acheminera lentement au fil des décennies vers la maturité d’un Soleil vert - ; il s’agit de saisir le moment du passage du simple récit à l’action, du dialogue à la castagne, de la mièvrerie au suspense. Le film joue constamment sur ces deux formes de registres, qui alternent d’une manière presque trop prévisible et empruntent quasiment toutes les autoroutes du code narratif hollywoodien florissant à la sortie de la guerre. Mais s’il y a une syntaxe aux règles et tournures bien définies, il faut avouer que nous avons là affaire à des grammairiens hors-pairs et parfaitement sûrs d’eux-mêmes. Le pigeon d’argile recèle quelques scènes à l’ambiance et la construction soignées, jouant sur les effets de montage, de lumière et de point de vue - les séquelles de la guerre donnant lieu à des passages à vide hallucinatoires - pour mieux restituer le parcours de la traque, et enfermer le spectateur dans un mécanisme de polar réglé au millimètre. Grâce à une intrigue resserrée et aisée à suivre, le film s’attribue comme mission de fournir un condensé efficace de mystère, revolvers et poursuites en voiture à la clé.
Et qu’importe si Le pigeon d’argile n’a pas l’élégance d’un Détour ou la noirceur d’un Règlement de comptes, et s’il se prend davantage au sérieux que les séries B ficelées par un autre maître du suspense - Hitchcock - dans la même période ; ce qui compte ici, c’est également la marque d’une époque, aussi bien cinématographique que sociale, avec ses clichés, ses évidences et ses ironies. La figure du traître à la patrie, les profiteurs de guerre, la veuve à la tête froide qui se remet en un temps record - mais hors-champ - de son deuil entre les bras d’un autre (et qui plus est, le compagnon de route de feu son mari !) peuvent faire sourire aujourd’hui, tout comme un jeu d’acteur expressif à l’excès et un souci tatillon des choses du quotidien (les deux héros n’oublieront surtout pas de régler leur chambre et d’emporter leurs bagages avant de fuir l’hôtel où le camp ennemi les a découverts). La véritable morale, au final, se résout dans une approche bienveillante et « no-nonsense » de la vie : comme au tir de pigeons, tout cela n’est au fond qu’un jeu.
Le DVD
Un packaging simple et efficace qui laisse toute la place au film.
Les suppléments
Serge Bromberg donne avec sa clarté habituelle une introduction concise et rigoureuse sur la situation des studios et l’émergence des films de genre comme le polar au sortir de la guerre.
Image
L’image est parfois un peu vacillante mais les contrastes et les jeux d’éclairage sont très bien rendus, sans grain excessif.
Son
Le son mono d’origine fournit un mixage équilibré entre musique, dialogue et effets sonores, dans l’héritage de précision technique du studio RKO.
Galerie photos
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