Le grand risque - la critique du film

© 1961 Twentieth Century Fox - Darryl F. Zanuck Productions. Tous droits réservés.

Notre avis : Dans la carrière très inégale de Richard Fleischer, Le grand risque fait partie des commandes malheureuses ; Zanuck , le grand magnat de la Fox, l’engagea pour mettre en valeur sa compagne de l’époque, Juliette Gréco, sur un scénario du romancier Irwin Shaw (auteur entre autres du Bal des maudits et de Quinze jours ailleurs), et une musique de Maurice Jarre. A priori donc, ce pouvait être un film d’aventures honnête magnifié par un tournage en extérieurs et emballé par de bons professionnels.
Mais il faut bien reconnaître, malgré toute la sympathie que l’on peut éprouver pour Juliette Gréco, pas vraiment convaincante avec ses tenues et son brushing impeccables, ou pour Stephen Boyd, au charisme insuffisant, que Le grand risque accumule les défauts : le scénario en particulier manque de tension et d’enjeux dramatiques, d’où parfois le sentiment d’un voyage d’agrément plutôt que d’une lutte pour la vie. Insuffisamment fouillés, les personnages sont tout d’une pièce et le gentil David Wayne a du mal à défendre un contrepoint humoristique caricatural. On passera de même sous silence la vision paternaliste et méprisante des Africains - voir la scène dans laquelle un groupe échange avec les héros un travail contre de la bière, concentré des clichés racistes. Qui plus est, Fleischer peine à trouver un rythme qui insuffle à cette histoire assez stéréotypée un peu de lyrisme. On est très loin du Salaire de la peur, très très loin …
Reste, on l’a dit, qu’on a affaire à des professionnels et, de temps en temps, leur savoir-faire suffit : ainsi de la première rencontre avec la famille en Irlande, réjouissante, ou de la séquence du demi-tour dans la montagne, celle de la traversée de la rivière, assez prenantes. À défaut d’enthousiasme, on ne s’ennuie donc pas, et tel plan de pirogues lancées à vive allure laisse imaginer ce qu’aurait pu être le film avec plus d’ambition.