L’étrangleur de Boston - Richard Fleischer - critique

Critique : Ce long métrage, d’une étonnante modernité, basé sur une histoire vraie, est construit en partie comme un documentaire. C’est aussi l’un des premiers à utiliser abondamment, mais à bon escient, le principe du split screen, qui consiste à diviser l’écran pour montrer plusieurs scènes en parallèle. Ici, plusieurs séquences précédant un meurtre sont ainsi présentées simultanément : la victime dans son logement, une caméra subjective qui montre le point de vue du meurtrier, ou encore le couloir de l’immeuble où va se dérouler le drame... Ce procédé, loin de brouiller la compréhension, donne au récit un côté véridique presque télévisuel. D’ailleurs, tout le film donne cette impression de réalité : les policiers ne sont pas des héros et explorent sans affect les milieux les plus divers de la société. L’ arrivée d’un nouvel enquêteur ne semble pas contrarier ceux qui y travaillaient depuis un moment, c’est la banalité de l’administration policière que de composer avec ses décisions.
Le principal suspect, impeccablement campé par Tony Curtis, n’interviendra qu’à partir de la seconde heure du film. Considéré comme un acteur de comédie "trop léger", il ne fut pourtant pas le premier choix des producteurs. C’est le cinéaste qui réussit à l’imposer dans une subtile composition, entre père de famille modèle et psychopathe impulsif. Sa confrontation avec Henry Fonda est tout à fait étonnante et réussie.

Inventif dans sa mise en scène, Richard Fleischer, cinéaste éclectique qui mérite d’être mieux reconnu, signe ici un excellent film policier, qui n’a (presque) pas pris une ride.