Le pays des sourds - Nicolas Philibert - critique

Critique : Bien avant Être et avoir, Nicolas Philibert a pénétré le monde silencieux des malentendants. En 1991, il réalise en effet Le pays des sourds, un documentaire qui met en lumière le quotidien de plusieurs personnes privées de l’ouïe. C’est donc pour compléter la sortie de Être et avoir en DVD que Les éditions Montparnasse, détentrices des premiers travaux de Philibert, ont décidé de le proposer sur ce support.

"Quiconque s’est aventuré au Pays des sourds aura été frappé par l’étrangeté de cette chorégraphie qui leur permet de s’exprimer." Indéniablement, Nicolas Philibert déploie un talent rare pour filmer les petites communautés. Avec la pudeur qui caractérise l’ensemble de ses documentaires, il investit cet univers qui nous est étranger, mettant en exergue ses richesses. Car, qu’il s’agisse de la petite classe d’apprentissage ou des malentendants plus expérimentés, Le pays des sourds montre avant tout l’entraide, la solidarité, la tolérance qui animent ces personnes.

Ce documentaire a l’intelligence d’évoquer toutes les étapes qui balisent le parcours difficile des malentendants. Les enfants, tout d’abord, élèves d’une classe spécialisée, qui tentent d’apprivoiser l’étrangeté des sons (Être et avoir n’est pas très loin). Un professeur de signes qui raconte par une sidérante expression corporelle son histoire jonchée de désillusions puis de joies. Un couple enfin, tout juste marié, confronté parfois à l’opacité des entendants (illustré par la visite d’un appartement). Ponctuellement, Philibert insère des témoignages touchants de sourds comme cette dame qui, victime de l’incompréhension de ses parents, s’est retrouvée placée dans un asile...

Le pays des sourds, bardé de prix internationaux, renferme des trésors de générosité, de tendresse. On s’émeut, on s’amuse, on reste médusé par tant de courage et d’abnégation. On est finalement admiratif devant cette simplicité et cette tolérance. Une grande leçon de vie.

Du côté des suppléments, Les éditions Montparnasse ont laissé la parole à Emmanuelle Laborit. Celle-ci revient sur les conditions des malentendants en France, s’emporte contre l’absence d’interprète pendant le 20 heures, l’absence aussi des sous-titres français sur la plupart des DVD et sur la non-officialisation de la langue des signes... Plus de dix ans après le succès de ce documentaire, le chemin pour l’intégration à part entière des sourds semble encore long.

Le DVD

– Édition 1 DVD
– Format vidéo 1.66 16/9 anamorphique compatible 4/3
– Couleur
– Chapitré
– Audio français, Dolby Digital 2.0
– Sous-titre VF sourds et malentendants
– Tous publics