Mariage à l’indienne
Le 9 janvier 2009
À travers un tourbillon de personnages et de situations, le portrait à grands coups de pinceau bollywoodien d’une famille indienne d’aujourd’hui prise entre tradition et modernité. Une oeuvre entraînante et un regard profondément humain sur les turbulences de la vie.
- Réalisateur : Mira Nair
- Acteurs : Naseeruddin Shah, Vasundhara Das
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Indien, Américain, Français, Allemand, Italien
- Date de sortie : 12 décembre 2001
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– Durée : 1h54mn
– Titre original : Monsoon Wedding
À travers un tourbillon de personnages et de situations, le portrait à grands coups de pinceau bollywoodien d’une famille indienne d’aujourd’hui prise entre tradition et modernité. Une oeuvre entraînante et un regard profondément humain sur les turbulences de la vie.
L’argument : Dans une demeure fastueuse de New Delhi, les Verma, une famille indienne, se préparent à célébrer le grand mariage de leur fille Aditi selon la tradition du Penjab. Des centaines de parents sont invités, venus des quatre coins du monde, de l’Australie à la Silicon Valley. Les préparatifs vont bon train, mais des incidents et des révélations vont venir épicer la noce.
Notre avis : Un vertige de danses, de fleurs et de couleurs, auquel se superposent des accents divers et chantants, des sonneries de téléphone et de la musique pop indienne ; le film de Mira Nair brasse à pleines mains le mélange de tradition et de modernité qui caractérise l’Inde d’aujourd’hui, pour en barbouiller l’écran avec joie. Car si Le mariage des moussons est un tableau, c’est assurément une palette aux tons de fête, qui restitue à merveille et avec une gaieté communicative le rythme haletant d’un mariage Penjab, ethnie d’origine de la cinéaste. Le film a l’originalité de donner de la réalité sociale indienne une vision médiane, qui contraste aussi bien avec les images d’un sous-continent réduit tout entier à l’extrême pauvreté qu’avec les productions bollywoodiennes donnant dans des feux d’artifice de kitsch. Sans prince ni princesse, malgré le jeu discret et troublant de la belle Vasundhara Das, Nair décide de faire la moue aux contes de fée trop lisses et trop parfaits, et adopte la démarche iconoclaste de briser à plusieurs reprises les illusions propres à faire miroiter les jeunes filles fleur bleue. Les hommes au même titre que les femmes revêtent des masques, font le jeu du mensonge ou de l’arrogance excessive, en amour et dans les relations sociales. On peut apprécier tout particulièrement la célébration du rôle des femmes, elles aussi prises entre tradition et modernité, et qui paradent sous la forme d’une galerie de personnages hauts en couleurs, sublimés par les costumes et la photographie. Le “harem” de Mira Nair offre d’ailleurs un portrait peut-être plus nuancé que les héros masculins, dont la psychologie se révèle parfois simpliste.
Pourtant, malgré ses incursions douloureuses vers des sujets graves comme la trahison ou l’inceste, le film prend souvent des allures de conte un peu naïf, et c’est cette légèreté omniprésente qui constitue son charme essentiel. On sent l’indulgence tendre de Mira Nair envers l’idée de famille, certes malmenée par des tensions et des épreuves, mais au final confortée comme un noyau central permettant de soutenir l’individu. Les différentes sous-intrigues ont toutes comme point convergent la réunion des personnages isolés, et c’est sous la bannière de la tolérance et du joyeux désordre entre sexes et générations que la réalisatrice choisit de placer son univers. À ce titre, le film est résolument plus optimiste que les oeuvres du Dogme (comme ceux de Thomas Vinterberg ou de Lars Von Trier), que la cinéaste déclare avoir beaucoup regardées avant le tournage. Si on retrouve les mêmes thèmes de la famille ou de la résistance de l’individu face aux pressions sociales, ici la caméra à l’épaule procure moins la sensation d’un malaise que celle d’un vertige éblouissant de couleurs, souvent à mi-chemin entre éclats de rires et larmes. Cette virtuosité à passer du registre de la parodie bollywoodienne à la peinture de l’intimité du couple amoureux fait du Mariage des moussons une oeuvre hybride, surprenante, mais qui a le mérite incomparable d’entraîner avec plaisir le spectateur dans sa ronde et sa célébration de la vie.
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