Le monde de Chaipu
Le 24 mai 2024
Dans ce pendant indien de Los olvidados, Mira Nair suit le quotidien miséreux d’un enfant des rues livré à lui-même pour survivre. Caméra d’or amplement méritée pour ce premier film à la frontière de la fiction et du documentaire.
- Réalisateur : Mira Nair
- Acteurs : Shafiq Syed, Hansa Vithal, Chanda Sharma
- Genre : Drame, Drame social
- Nationalité : Indien, Britannique, Français
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h53mn
- Reprise: 7 janvier 2015
- Date de sortie : 24 août 1988
- Festival : Festival de Cannes 1988
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Résumé : Devant une somme de cinq-cente roupies à sa mère, Krishna, un jeune garçon, travaille dans un cirque ambulant. Cependant, les forains sont partis sans lui ; il se retrouve alors à Bombay, où il devient porteur de thé et en hérite le nom : "Chaipu".
Critique : Avant de s’atteler à sa première œuvre de fiction, Mira Nair est passée par la case documentaire (dont le statut de la femme indienne dans India cabaret), période enrichissante pour cette diplômée en sociologie durant laquelle les conseils avisés de Richard Leacock (un des maîtres dans le domaine) ont été déterminants pour la suite. Cela saute aux yeux tant l’approche narrative de Salaam Bombay ! confère une crédibilité en adéquation totale avec la réalité du terrain, due principalement au fait que les enfants des rues apparaissant à l’écran le sont également dans la vraie vie... Afin de rendre l’indigence de cette jeunesse sacrifiée encore plus palpable et insupportable, Mira Nair délaisse les studios de Bollywood pour s’immiscer dans l’agitation des bas-fonds de Bombay, en plein cœur de l’action rythmée par la petite et la grande délinquance. Dans sa démarche informative, elle s’évertue à dresser la situation terrifiante réservée aux laissés-pour-compte (d’autant plus quand elle concerne des mineurs) baignés dans un environnement où les petits boulots (faiblement rémunérés), les larcins, le trafic de drogue ou la prostitution sont les seules échappatoires leur permettant de survivre tant bien que mal. D’un réalisme qui fait froid dans le dos, comme Luis Buñuel par le passé lorsqu’il réalisa Los olvidados dans les faubourgs de Mexico, la réalisatrice tombe par moments dans l’écueil d’un misérabilisme outrancier. Qu’importe, Salaam Bombay ! atteint son objectif, à savoir sensibiliser le spectateur face à l’ignominie encore trop présente dans certaines parties du globe. Quant à Mira Nair, elle gagne sur tous les tableaux. Ce coup d’essai, reparti de Cannes avec la Caméra d’or en poche, remportera une kyrielle de prix à travers le monde et un succès inespéré en salles (pour un film d’art et essai), dont les fonds lui permettront de mettre sur pied une association venant justement en aide aux enfants des rues de Bombay. À voir de toute urgence, en lieu et place de Slumdog millionaire...
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