L’art indélicat de la séduction
Le 3 décembre 2010
Bravant la censure de son pays, Mira Nair nous fait pénétrer au cœur de l’érotisme de l’Inde d’antan. Pour le plaisir des sens, elle nous offre un conte d’amour d’une beauté renversante.

- Réalisateur : Mira Nair
- Acteurs : Naveen Andrews, Indira Varma, Sarita Choudhury
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Indien, Américain, Britannique, Japonais, Allemand
- Date de sortie : 16 juillet 1997

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– Durée : 1h54mn
– Titre original : Kama Sutra : a tale of love
– Année de production : 1996
Bravant la censure de son pays, Mira Nair nous fait pénétrer au cœur de l’érotisme de l’Inde d’antan. Pour le plaisir des sens, elle nous offre un conte d’amour d’une beauté renversante.
L’argument : Dans l’Inde du XVIe siècle, les aventures de la servante Maya et de la princesse Tara, deux femmes qui trouveront dans le Kama-sutra l’inspiration d’une joute amoureuse raffinée mais sans merci, tournant autour de la possession du roi Raj Singh et du sculpteur Jai Kumar.
Notre avis : La réalisatrice indienne Mira Nair, Caméra d’Or à Cannes en 1988 pour Salaam Bombay et Lion d’Or au Festival de Venise en 2001 pour Le mariage des moussons, nous ouvre les portes de l’univers fantasque de son pays, quatre siècles en arrière, pleinement dédié aux plaisirs charnels selon les préceptes du Kama-sutra ; ce recueil indien mondialement connu pour ses illustrations des positions sexuelles. Les teintes chatoyantes des saris annoncent la couleur ; elles sont les prémices d’une fusion harmonieuse des corps, des plus imminentes. C’est que le Roi Raj Singh (Naveen Andrews, l’amoureux indien de Juliette Binoche dans Le patient anglais) aime se faire plaisir. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que l’affrontement, entre la servante Maya et la princesse Tara (pourtant inséparables dès leur enfance), risque de perturber ses desseins royaux... Avec un titre pareil et le côté plus qu’aguicheur de l’affiche, ceux qui s’attendaient à un film X iront voir ailleurs ! Pourtant, la censure indienne (excessivement stricte, rappelant un certain code Hays des années 50-60) a interdit sa diffusion pendant presque deux ans. Le succès ne s’est pas fait attendre longtemps (battant des records d’audience au Japon) ; si bien que Mira Nair est pratiquement la seule (avec son compatriote Shekhar Kapur), originaire du plus grand pays producteur de films au monde, à connaître la renommée à l’étranger. Ce conte d’amour magnifié par la beauté des lieux et de ses sensuelles créatures de désir est une pure merveille formelle. On assiste à une sorte d’alchimie où le monde polychrome de Little Buddha de Bernardo Bertolucci télescope celui des amours impossibles (par son classique triangle amoureux) et fantasmatiques de La leçon de piano de Jane Campion. Dans ce jeu de la séduction, les protagonistes en ressortiront marqués à jamais... On ne badine pas avec l’amour ! A un poil pubien du pur chef-d’œuvre.