Madeleine angolaise
Le 28 février 2006
Un homme réincarné en gecko tisse une subtile variation sur le mélange des temps.
- Auteur : José Eduardo Agualusa
- Editeur : Métailié
- Date de sortie : 9 février 2006
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Résumé : A Luanda, à la fin de la guerre révolutionnaire, Félix Ventura, le bouquiniste albinos, exerce une activité étrange : il crée de faux passés qu’il vend aux nouveaux riches. Ses clients sont des entrepreneurs prospères, des hommes politiques, des généraux et la bourgeoisie angolaise naissante, tous ont assuré leur avenir. Il leur faut donc transmettre à Félix leur construit des généalogies flatteuses, des portraits leurs enfants un bon passé.d’ancêtres, des mémoires brillantes. Il en vit bien, jusqu’à l’arrivée d’un mystérieux étranger à la recherche d’une identité angolaise. Alors, dans un vertige, le passé envahit le présent et tout bascule. La jeune photographe obsédée par la lumière retrouve elle aussi, un passé, de même que le gecko qui rêve sur le mur, tout un réseau irrationnel se met en place et l’impossible arrive. Satire féroce et pleine d’humour de la société angolaise, ce Marchand de passés est surtout une réflexion sur la construction de la mémoire et ses ambiguïtés.
Un homme réincarné en gecko tisse une subtile variation sur le mélange des temps.
En Angola comme ailleurs, tout s’achète et tout se vend. En Angola comme ailleurs, le passé s’efface, s’oublie, se fait rare et cher. En Angola mais pas partout ailleurs, l’animisme a cours et la réincarnation aussi. Même en un gecko baptisé Eulálio. L’histoire de Félix Ventura, le marchand de passés, c’est le reptile qui la raconte. Il vit chez lui, sait tout de lui, tous deux se rencontrent même dans leurs rêves.
Ventura invente des passés respectables pour tous ceux qui, tout au long de la guerre, n’ont pas respecté grand monde ni grand-chose, sauf leur avenir. Une affaire qui roule. Jusqu’au jour où le généalogiste rencontre deux photographes, l’un de guerre, l’autre de lumière, deux destins qui vont se croiser tout comme le passé vient toujours, inévitablement, frapper à la porte du présent. Et il est dangereux d’oublier le premier, nous dit José Eduardo Agualusa, ce qu’il fait sans n’être jamais moralisateur.
Ce qui plaît, dans Le marchand de passés, c’est l’inventivité, le mystère, l’étrangeté qui illuminent ce roman parfois très noir. Peut-être les connaisseurs de l’Angola y verront-ils cette "satire féroce et pleine d’humour de la société angolaise" que promet l’éditeur. Les autres y trouveront une variation enlevée et très réussie sur la mémoire et sur la recherche de cet âge d’or où se mêlent le passé, le présent et l’avenir : "Nous ne sommes heureux, vraiment heureux que lorsque c’est pour toujours, mais il n’y a que les enfants qui habitent ce temps où tout dure pour toujours."
José Eduardo Agualusa, Le marchand de passés (O vendedor de passados, traduit du portugais par Cécile Lombard), éd. Métailié, coll. "Bibliothèque portugaise", 2006, 131 pages, 15 €
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