Le 3 juillet 2018
- Scénariste : Matz>
- Dessinateur : Lemur
- Genre : Thriller
- Editeur : Casterman
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 20 juin 2018
En pleine Coupe du monde, regardez l’autre côté de la lucarne.
Résumé : Lucas est un attaquant vedette du club de football de la capitale. Voitures de sport, sponsors généreux, jolies filles, il a réalisé son rêve. Son talent et son intelligence en font un joueur comblé, jusqu’au jour où son président lui présente des partenaires quelque peu troubles, qui ont visiblement des propositions inquiétantes.
Franchement, cette BD sur le monde du football vaut le détour. Non, vous n’y verrez pas d’allusion tactique inédite, pas de transferts rocambolesques, mais plutôt l’envers du décor. Lucas est chanceux : il joue dans son club de cœur, marque, a une vie discrète et plutôt bien rangée, avec un fils qu’il aime, des amis fidèles. Mais déjà, l’un d’eux n’a pas eu sa veine. Blessé jeune, il n’a pu rejoindre le monde professionnel, et vivote donc aux crochets de son ami d’enfance, entre baby-sitter et homme de main. Prenons les sponsors et partenaires : si l’entrepreneur local, vendeur de voiture, fait des cadeaux somme tout honnêtes, ce n’est pas le cas d’autres, venus de pays aux habitudes moins transparentes. Et d’un coup, ce documentaire devient une descente dans les tréfonds du football, qui brasse des milliards sur la planète, et lorsque autant d’argent est en jeu, les pots-de-vins ne suffisent plus, il existe des réseaux, des combines et des mafias. Rien que pour le speech sur les arrangements des Coupes du monde, il faut lire Arrêt de jeu, qui tient presque de l’enquête journalistique en off, puis se dirige vers le règlement de compte façon film noir. L’intrigue autour de Lucas est en cela presque anecdotique, c’est bien le message de cynisme et de réalisme étalé qui est au centre de cet album.
© Casterman
Côté dessin, le foot pourtant primordial et environnement de l’histoire, n’est pas non plus montré jusqu’à l’écœurement. C’est plutôt les appartements luxueux, les salles fastueuses et les secrets des vestiaires qui sont évoqués, la pelouse et ses acteurs apparaissant à l’occasion, plutôt pour un entraînement qu’une finale d’ailleurs. Tout un symbole, le match contre Bordeaux, où la famille vient assister, n’est même pas montré, éludé, comme si les 90 minutes de jeu n’étaient désormais que secondaires dans ce monde de fric. Ainsi, les amateurs regretteront peut-être les détails absents d’un maillot, d’un stade, d’un club, car les droits ne pouvaient évidemment permettre d’apposer les logos du PSG ou des Girondins...
© Casterman
Belle œuvre de dénonciation, avec une première partie très réaliste, davantage d’ailleurs que la seconde qui fait la part belle à l’action, Arrêt de jeu s’interroge bien sur ce concept du football, ce temps qui ne porte pas bien son nom, marge d’un match où finalement tout peut se jouer .
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