Critique : Regroupées par années, ces chroniques, qui oscillent entre quelques lignes et une à cinq pages, sont un véritable régal à lire. On sent derrière chacune d’elle le talent du poète qui sait construire les phrases et surtout qui aime écrire.
Mais au-delà de ce plaisir littéraire, Jacques Réda partage avec nous ses réflexions fondées sur un savoir conséquent. Pour le besoin d’un propos, il peut vous citer un article du "Journal du Rail", tout comme un autre issu du magazine "Uniformes".
Et l’on découvre ainsi un auteur qui se renseigne, afin de ne pas parler dans le vide, qui analyse ce qu’il a lu et nous offre le fruit de ses réflexions.
Réda allie un style doux, fluide, presque magique (une telle maîtrise du français nous paraît aujourd’hui surnaturelle), avec un contenu réfléchi, pensé. Et à tout cela, il ajoute une pointe d’humour, un sourire parfois désabusé sur un monde qui semble prendre une bien triste direction. Mais un sourire qui perdure, car toutes aussi navrantes que puissent être les situations qu’il évoque dans ses chroniques, il les traite avec dérision.
Ce court recueil nous incite donc à la réflexion. Et surtout, il donne envie de se pencher plus avant sur le style de l’auteur. On se demande d’où vient cette écriture si aérienne qu’elle semble nous entraîner dans les hauteurs, alors qu’elle nous parle de sujets si communs.

Le fond de l’air, chroniques de la NRF 1988-1995 réunit une petite liasse de magnifiques textes, comme un bouquet de fleurs parfumées et variées. On peut les découvrir dans leur globalité, leur unité de bouquet, ou bien examiner la beauté de chacune séparément. Jacques Réda est un poète, on le ressent à chaque page.