Le 18 juin 2020
Adapté par Christopher Landon de son propre roman et réalisé par Jack Lee Thompson, Le Désert de la peur (Ice Cold in Alex) est un film de guerre britannique (1958) qui est un classique. On aurait tort de l’oublier et il méritait largement une sortie inédite en DVD, le 16 juin 2020.
- Réalisateur : J. Lee Thompson
- Acteurs : John Mills, Anthony Quayle, Sylvia Syms, Harry Andrews, Diane Clare
- Genre : Film de guerre, Aventure
- Nationalité : Britannique
- Editeur : Tamasa
- Durée : 2h05mn
- Titre original : Ice Cold in Alex
- Date de sortie : 16 juin 2020
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Résumé : Pendant la Seconde Guerre mondiale, un groupe de secours de l’armée américaine se retrouve séparée des troupes dans le Sahara. Le chemin à parcourir est long et difficile. Le leader de l’équipe ne peut s’empêcher de rêver à la bière glacée qu’il pourra s’offir en arrivant à Alexandrie.
- Copyright Tamasa Distribution
Critique : L’action du film Le désert de la peur se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, en Libye. Nous sommes en 1942. L’armée allemande a lancé une attaque massive contre les forces alliées et tous les militaires de la ville de Tobrouk sont sommés de partir aussi prestement que possible. Nous pensons inévitablement au film français Un Taxi pour Tobrouk (1961). Le capitaine Anson (John Mills), un homme blasé, alcoolique patenté, et son fidèle sergent-major Tom Pugh (Harry Andrews), ont pour mission de traverser le désert avec une vieille ambulance et de rejoindre l’armée britannique à Alexandrie (nommée par l’abréviation sympathique "Alex"). Dans leur périple à hauts risques, à travers des lignes hostiles, ils embarquent deux infirmières (Sylvia Syms, Diane Clare) ayant été hélas laissées sur place et de fait sous leur responsabilité.
En route, ils font la rencontre d’un officier sud-africain, le capitaine Van der Poel (Anthony Quayle), dont le bagage largement garni et surtout les précieuses bouteilles de gin ne laissent pas indifférent le capitaine Anson. Le gin est un sésame permettant facilement à ce capitaine de se joindre à la troupe bigarrée. L’analyse psychologique est fine dans la première partie du long-métrage. Notons que le jeu des acteurs est excellent. La seconde partie est moins axée sur l’intériorité (bien que des masques tombent), mais s’inscrit plus dans l’action avec certes des mécanismes rodés, mais également des scènes se distinguant par leur originalité et des salves humoristiques. Le titre francisé se révèle trompeur et nous éloigne du rêve simple et désaltérant du capitaine Anson, une fois arrivé à "Alex" : une bonne bière fraîche.
L’intrigue du film gagne en complexité quand, au fond du désert, une patrouille allemande tire sur l’ambulance et blesse l’une des deux infirmières. Van der Poel use de son pouvoir de conviction et de sa maîtrise de la langue germanique pour enjoindre les Allemands de laisser partir ses camarades. Hélas, un autre écueil majeur vient nuire à l’avancée du véhicule : le camion s’enlise dans le sable. Tout en essayant de résoudre le problème, le groupe commence également à soupçonner que l’un d’eux est un agent infiltré. C’est le capitaine Van der Poel qui cristallise surtout les interrogations quant à sa véritable identité : est-il réellement sud-africain comme il s’est présenté ? En même temps, le groupe ne se désolidarise pas, bien au contraire, conscient que l’union fait la force et que le salut de chacun passera par le salut de tous.
Les suppléments :
Livret de 16 pages illustrées : le regard de Charlotte Garson
Si le format est court, il n’en reste pas moins richement illustré et apporte des remarques pertinentes sur le film. La préférence du noir et blanc sur la couleur est la règle adoptée par Jack Lee Thompson, mais elle sied à merveille à son film taillé pour des acteurs aguerris. Charlotte Garson cite Sylvia Syms : "On ne jouait pas des personnages, on essayait vraiment de survivre, au bout d’un moment !". Le film a son identité propre, mais se nourrit également d’opus précédents comme Le Salaire de la peur (1953) pour la séquence du champ de mines. Le travail photographique est à saluer. Le caractère complexe des personnages est également brossé : chacun a le droit au sien, avec une plume plus ou moins volubile de Charlotte Garson. La scène quasi traumatisante des sables mouvants -tournée en studio- est développée.
La maîtrise du suspense par Steve Chinball (13 minutes) :
Steve Chinball est professeur de cinéma britannique à l’université De Montfort (Leicester) et nous éclaire sur un tournage épique de pas moins de sept semaines dans le désert de Libye. Jack Lee Thompson a été effectivement à bonne école en ce qui concerne l’art du suspense, car il a été formé par Alfred Hitchcock en personne. Le casting est également développé copieusement, ainsi que le choix délibéré de prendre, comme personnages principaux, des antihéros, hommes et femmes ayant des forces, mais aussi des faiblesses. Il précise aussi que Le Désert de la peur n’est pas un film de guerre au sens strict. C’est une quête comme celle du Graal, dont le calice doré serait, le cas échéant, la fameuse pinte de Carlsberg ; cette pinte dont la dégustation relève d’un cérémonial mythique qui vient clore le long-métrage.
Un tournage hors normes par Sylvia Syms (12 minutes) :
Sylvia Sims, révélée par Le Désert de la peur, atteste des conditions extrêmes inhérentes au tournage. Ce n’est majoritairement pas dans un désert de sable, mais de gravier que les acteurs ont été invités à jouer. Ce dernier a été parfois soulevé par des tempêtes difficiles à endurer. Et que dire des mouches ? Sylvia Sims avoue qu’elle n’a pas eu d’autres choix pour les éloigner, tellement elles étaient légion, que d’asperger ses vêtements de DDT, substance hautement cancérigène. Elle évoque aussi la fameuse scène de la bière et parle affectueusement de "Johnny" (surnom de John Mills, la tête d’affiche du film) qui était le seul à pouvoir boire une pinte cul sec. Elle souligne aussi le caractère transgénérationnel du film qui n’a de cesse de l’étonner, car on lui en parle encore.
Un film captivant par Melanie Williams (15 minutes) :
Le Désert de la peur s’inscrit dans le boom des films de guerre propre au cinéma britannique de la fin des années 50 (rappelons tout de même la proximité historique courte de cette époque avec la Seconde guerre mondiale). Melanie Willimas revient sur le casting, également : les trois personnages principaux masculins sont tous différents en termes de taille et de corpulence. On le voit très bien à travers des plans rapprochés. C’est la première fois que le film de guerre britannique accueille véritablement une femme dans ses rangs. Celle-ci fait preuve autant d’ingéniosité que de pugnacité. Sylvia Sims est évidemment là pour que puisse aussi éclore une scène idyllique très brève, car en partie censurée, avec John Mills. Notons pour finir que le véritable ennemi des protagonistes n’est pas l’Allemagne nazie, mais le désert.
L’image :
Le film est présenté dans le rapport d’aspect grand écran 1,66 en 16/9. Il a été tourné en noir et blanc et c’est ainsi qu’il nous est proposé avec une netteté impeccable (pas le moindre grain de sable...) en Master restauré 4K.
Le son :
La bande-son originale de Leighton Lucas, même minimaliste, sert l’intrigue à merveille. Il convient pourtant de souligner que cette dernière est en mono, tout comme les dialogues : le tout est cependant agréable à l’oreille.
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