Le convoyeur - Nicolas Boukhrief - critique

Critique : "Mille euros par mois, un million d’euros dans chaque sac"... Il est devenu rare que l’accroche d’un film serve réellement son propos. C’est pourtant le cas avec Le convoyeur, car la première qualité du troisième long métrage de Nicolas Boukhrief est de s’intéresser à une profession encore jamais approchée sur grand écran : les convoyeurs de fonds... ces éboueurs de l’argent comme il les appelle, ces "presque flics" (ils ont un flingue mais aucune formation) qui transportent dans leurs sacs des millions alors qu’ils gagnent une misère et sont la cible d’attaques particulièrement violentes voire mortelles. La scène d’introduction est un modèle de note d’intention. À sa vision, nous savons que le film de Boukhrief sera sec, sans concession, noir charbon et à des lieues des productions françaises habituelles...
C’est bien simple, depuis le magistral Nid de guêpe de Florent-Emilio Siri, on n’avait pas ressenti un tel bonheur devant un vrai film de genre à la française. Un réalisme saisissant de docudrame qui alimente une tension grandissante et on reste scotché à son siège ne sachant jamais ce qui va se passer. De plus, Boukhrief est épaulé par un casting prodigieux avec en tête l’immense Albert Dupontel, véritable gueule de drame, clown triste au regard qui vous perce l’âme. Après Irréversible, Dupontel apparaît une nouvelle fois comme un acteur exceptionnel, complètement sous-exploité sur nos écrans... À ses côtés, on retrouve son alter ego féminin, Claude Perron, et un casting de sales gueules absolument parfait...
En clair, Boukhrief signe avec Le convoyeur un film de genre authentique, ancré dans une réalité sociale criante de vérité... un grand film, tout simplement !

Le DVD
Les suppléments : Si Le convoyeur séduit, les bonus qui lui sont consacrés laissent en revanche un amer goût d’inachevé. Un making of de vingt-six minutes, sans commentaires et au montage brouillon, en est l’illustre exemple. On y apprécie certes l’ambiance sympathique du tournage (mouarf, les blagues potaches de Berléand), mais on n’apprend absolument rien du tout sur la genèse du film, le boulot de Dupontel ou les choix artistiques de Boukhrief. Aucune interview et aucun commentaire audio ne viennent réparer cette lacune. Bref, ça sent un peu le travail bâclé chez StudioCanal. Les plus compréhensifs se rabattront non sans plaisir sur une exposition de photos de Xavier Lambours, des projets d’affiche et des bandes-annonces. À noter l’efficacité des menus interactifs (rapides et propres), assez rare de nos jours pour être soulignée.

La technique : Irréprochable tant au niveau de l’image que du son : l’ambiance à forte dominante bleutée est parfaitement retranscrite (un contraste délicat à obtenir), tandis que la bande sonore, lancinante à souhait, a préservé toute sa douce impression de malaise permanent. Une belle réussite de ce côté.

Le DVD :
– Edition 1 DVD
– Format image : 2.35
– Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
– Audio Dolby Digital français 5.1 / DTS français 5.1
– Sous-titres français
– Tous publics