Le cœur a ses raisons
Le 28 août 2021
Après le bide de Mon pote, Marc Esposito rempile avec le troisième opus du Cœur des hommes, l’une des sagas coup de cœur des Français. Si la franchise est devenue une manne financière sure, la qualité, elle, n’est pas au rendez-vous, malgré la venue d’un petit nouveau fort sympathique...


- Réalisateur : Marc Esposito
- Acteurs : Jean-Pierre Darroussin, Bernard Campan, Marc Lavoine, Éric Elmosnino, Zoé Félix, Florence Thomassin, Valérie Stroh, Catherine Wilkening, Alexandra London, Julie Bernard, Anna Gaylor, Lucie Phan
- Genre : Comédie, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 6 mars 2025 23:00
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 23 octobre 2013

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Résumé : Alex, Antoine et Manu rencontrent Jean, un solitaire, qui ignore les plaisirs de l’amitié. Peu à peu, ils apprennent à se connaître, à s’apprécier. Jean est touché par la complicité et l’affection qui nourrit leur relation, il découvre le bonheur d’être ensemble. Quand leurs aventures sentimentales et les épreuves de la vie les bousculent, ils se regroupent pour les partager, pour se tenir chaud. De confidences en éclats de rires, le trio redevient un quatuor.
Critique : Comme l’a dit tout de go l’incontournable Éric Elmosnino, nouveau venu dans l’aventure d’une franchise vieille de dix ans, Le cœur des hommes est un authentique « film du dimanche soir ». Remplaçant le vieillissant Gérard Darmon dont les raisons de la brouille avec le réalisateur Marc Esposito demeurent obscures, l’interprète de Gainsbourg, vie héroïque insuffle au film sa joie de vivre et sa bonne humeur communicative, teintées d’une nonchalance naturelle des plus savoureuses. Un choix de casting judicieux qui relève un peu le niveau d’une comédie bien fade ne parvenant jamais à se renouveler. Alors que le premier volet s’appropriait une forme d’humour héritée des comédies des années 70 type Un éléphant, ça trompe énormément, cet énième film de copains peine à s’élever au dessus du plancher des vaches. Il souffre en outre de la comparaison avec Amitiés sincères et du plus récent Le grand méchant loup, dont la qualité d’écriture et le recours à des dialogues d’une délicieuse acidité en ont fait l’une des grandes comédies de l’été.
- Le Coeur des hommes 3 : Photo Bernard Campan, Eric Elmosnino, Jean-Pierre Darroussin, Marc Lavoine
- © Pamela Duhesme / Pierre Javaux productions / Wayan productions
Afin de meubler un scénario totalement réchauffé, Marc Esposito se contente bien souvent de broder sur les sacrosaintes histoires de cocufiage qui régissent la comédie française depuis tant d’année 2013. Zéro surprise, les situations rocambolesques s’enchaînent à vitesse grand V, simples prétextes permettant de créer de nouvelles situations artificielles sans aucune cohérence narrative. De la découverte par Alex, l’ex-coureur de jupons, de l’existence d’un fils de dix ans (qu’on reverra seulement l’espace d’une ou deux scènes) à l’apparition de l’ex de Jean (Elmosnino) bien évidemment dépressive, le film semble enchaîner les sketchs plus ou moins raccord, se peuplant d’une galerie de personnages archétypaux qui ne réussissent jamais à nous émouvoir totalement. Maladresse ultime, Le cœur des hommes 3 se permet même des références complètement fortuites aux précédents volets, jusqu’à tenter de meubler l’absence de Darmon avec la sculpturale Zoé Félix, son ex-compagne, dont le personnage apparaît comme un pot de fleur de luxe capable de se détacher de l’emprise des méchants bonshommes.
- Le Coeur des hommes 3 : Photo Bernard Campan, Eric Elmosnino, Jean-Pierre Darroussin, Marc Lavoine
- © Pamela Duhesme / Pierre Javaux productions / Wayan productions
À force de fioritures, le film traîne en longueur et l’ennui guette tant le manque d’originalité est criant. Si les actrices n’endossent que des rôles d’adjuvantes, les acteurs, malgré tout leur talent, sont quant à eux assez vite rattrapés par la vacuité de leurs personnages. Il devient alors réellement difficile de trouver à ce numéro 3 un quelconque attrait, outre le sourire charmeur de Lavoine, la droiture de Darroussin, un Elmosnino qu’on aurait aimé plus déglingo et la bonhomie d’un Campan qu’on attend impatiemment de retrouver dans le retour des Trois frères. En bref, Le cœur des hommes 3 n’échappe malheureusement pas au mainstream des comédies bien-pensantes et se repose bien trop sur la qualité d’interprétation de son quatuor d’acteurs. On vous passe les violons de l’inévitable happy end, un modèle du genre. Après le très mauvais La vérité si je mens 3, ce nouveau Cœur des hommes est une preuve supplémentaire de l’invalidité de la proposition « jamais deux sans trois », du moins en ce qui concerne les productions bien de chez nous.
- Le Coeur des hommes 3 - Affiche du film
- © Diaphana Distribution
- © Diaphana Distribution