Le cœur des hommes 2 - Marc Esposito - critique

Critique : Après le succès du premier opus - plus d’1,5 million d’entrées en France -, il était naturel qu’un deuxième épisode du Cœur des hommes vît le jour. Les revoilà donc, au bord de la piscine, entre mecs : Manu, Jeff, Alex et Antoine, ces quinquas cools qui n’ont pas grandi, incarnent l’éternel masculin évidemment solidaire d’un éternel féminin. Aux mâles dominants, la possibilité de leurs défauts ; au deuxième sexe, la fatalité de s’en plaindre, sous les augures du Dieu Ressentiment qui prend le plus souvent des formes hystériformes ("je t’aurais débité au couteau électrique" lance Nanou, femme blessée, à son mari cavaleur). On a peine à croire que des stéréotypes aussi genrés, issus d’époques immémoriales, ne prennent pas même ombrage d’une compagnie lamentable : celle des dialogues, d’une grossièreté constante, notamment assortis à une certaine conception de la masculinité ("je te fais ça un doigt dans le nez, un doigt dans le cul", s’enthousiasme Jeff tout à son projet de dictionnaire du sport, tandis que son pote Alex lui répond : "C’est une grande idée, enfoiré !").
Chaque situation est du mauvais vaudeville filmé en champ-contrechamp ou en plan rapproché, qui se termine, dans les moments de haute intensité conflictuelle, par des cris outrés et des propos à l’emporte-pièce sortis d’un roman-photo. Les femmes ne sont là que pour être désirées ("C’est dingue ce que j’aime baiser avec toi", "Ton cul m’excite beaucoup plus que la situation", constate Antoine, tandis que son ex-compagne lui sourit, silencieuse) ; ou bien elles s’exposent à une forme de rigidité sévère, si elles ne sont pas dupes des stratégies masculines, quand, les yeux mouillés d’une émotion suppliante, elles ne cèdent pas aux rêveries les plus bovaryennes, pauvres petits choses fragiles qui cherchent finalement une épaule réconfortante. Jamais l’ironie, la distance sarcastique du sexe triomphant ne leur sont octroyées. Les mecs peuvent se retrouver autour d’une table pour se serrer les coudes. Les filles sont réduites à vivre à l’état de monades des destins solitaires et semblables.
Oui, vraiment, il coule dans les veines de cette comédie jamais drôle le puissant poison du machisme ordinaire.