Le cœur des hommes - critique

Critique : Louables étaient les intentions de Marc Esposito : faire perdurer la lignée des films de copains, donner une descendance à Vincent, François, Paul et les autres et Un éléphant, ça trompe énormément. Le résultat malheureusement est nettement en deçà de ces illustres prédécesseurs. La réalisation est solide, le rythme soutenu, les acteurs inspirés ; mais que les situations sont grossières voire grotesques. Il n’est pas aisé de parler de l’amitié sans sombrer dans la niaiserie dégoulinante ; indubitablement, Esposito n’a pas su éviter le piège...
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans son film ? Encore une fois, cette histoire d’amitié, mêlée aux éternelles relations conflictuelles entre les hommes et les femmes, tient parfaitement la route. Sa progression est fluide, les personnages évoluent dans une sympathique harmonie, le tout servi par d’excellents acteurs (Lavoine largement en tête dans le rôle du queutard de service).

Le problème réside dans le fait que l’on ne s’attache pas une seule seconde à ces personnages ; on se fiche royalement de leurs malheurs et encore plus de leur bonheur. Ils ont beau s’enlacer, se serrer les coudes ou blaguer comme des gamins, jamais ils ne parviennent à transmettre leur joie de se retrouver ensemble. Esposito les filme avec l’amour d’un père au risque de laisser à l’écart les spectateurs.
Autre problème majeur de ce Cœur des hommes, ce sentimentalisme écœurant qui dégouline sur la pellicule, un abus qui dessert la qualité du propos d’Esposito. En effet, les relations amoureuses sont plus compliquées qu’elles n’y paraissent, mais ce n’est pas une raison pour en rajouter des louches (on se reportera à l’histoire grotesque du mari trompé, interprété par Bernard Campan).
Le cœur des hommes n’est pas un ratage intégral, juste un premier film qui manque cruellement de recul. Il souffre aussi de l’absence de cette petite folie qui aurait fait voler en éclats le caractère figé de cette comédie finalement conventionnelle. A éviter comme cadeau de fête de fin d’année.

Les suppléments réservent de belles surprises : un très bon making of qui démontre la franche camaraderie qui a régné sur le tournage, et le fameux Gouine ta grand-mère, chanson paillarde sur l’air de Guantanamera entonnée par les quatre compères. Marc Lavoine, lors de son passage à l’Olympia, a même invité ses trois amis pour en faire profiter ses fans...