Il est une fois en Mongolie
Le 8 février 2008
Une famille nomade mongole, ses croyances, ses difficultés, ses espoirs. L’ambivalence d’un peuple tourné vers sa terre et la modernisation.
- Réalisateur : Byambasuren Davaa
- Acteurs : Urjindorj Batchuluun, Buyandulam Daramdadi Batchuluun, Nansa Batchuluun
- Genre : Aventures
- Nationalité : Mongol
– Durée : 1h33mn
Byambasuren Davaa s’immisce de nouveau dans le quotidien d’une famille nomade mongole, ses croyances, ses difficultés, ses espoirs, et se penche subtilement sur l’ambivalence d’un peuple tourné vers sa terre et la modernisation.
L’argument : Nansa, l’aînée d’une famille nomade mongole, âgée de six ans, revient de la ville pour passer ses vacances auprès des siens. L’occasion pour elle de se laisser aller à l’oisiveté malgré les recommandations de sa mère. Un jour, elle se heurte au mécontentement de son père, persuadé que le chien abandonné qu’elle a trouvé a pactisé avec les loups et qu’il va leur porter malheur. Elle va tout faire pour le cacher.
Notre avis : Octobre 2004, les spectateurs français découvraient L’histoire du chameau qui pleure, la première fiction déjà très singulière et prometteuse de la jeune Mongole Byambasuren Davaa [1], réalisée avec Luigi Forlani en 2003 pour son cycle de fin d’études. Très inspiré d’un rituel que lui racontaient ses grands-parents étant petite - le recours à la musique pour aider une chamelle à mettre bas et à offrir toute l’affection et le lait nécessaires à son petit -, la réalisatrice mettait subtilement en lumière dans son documentaire narratif l’amour dont nous avons tous besoin pour vivre. Qui plus est quand climat et précarité riment avec survie.
Aujourd’hui, la jeune femme s’attache à témoigner de la ferveur bouddhiste qui animait encore son peuple il y a peu - notamment, la croyance en un lien sacré entre l’homme et le chien faisant partie intégrante du cycle de la réincarnation -, et à prolonger la transmission des contes et légendes de sa terre, d’autant qu’elle a pris conscience du rôle qu’avait joué la ville dans sa propre "ignorance" [2]. Une révélation que son dernier film préserve étonnamment intacte, malgré un récit en partie autobiographique et l’incursion récurrente d’un regard suggestif, empreint de merveilleux.
Le parcours initiatique que vit Nansa - son apprentissage de la terre, des animaux, de la peur, du chagrin, l’interdit posé par son père méfiant à l’égard du chien -, sa découverte des légendes et des rites ancestraux auprès d’une vieille femme, s’inspirent largement de la morphologie des contes populaires et de ce qu’a vécu Byambasuren Davaa, enfant, en Mongolie, auprès de sa mère et de sa grand-mère. Des images fortes, annonciatrices de mauvais augure ou hautement symboliques, illustrant une filiation et une transmission, viennent chevaucher des séquences purement descriptives de la vie agraire et familiale des vastes plaines.
Le propos n’est pas de juger ni d’influencer. Si l’émotion sert magnifiquement le mythe ou l’éclosion du drame, via un univers onirique jalonné de suspense et d’angoisse, la jeune réalisatrice nous offre, avec Le chien jaune de Mongolie, une œuvre réflexive gorgée d’espoir et un précieux document historique et social. Se situant à la lisière de ses personnages, "symboles" de toute une population et de plusieurs générations, Byambasuren Davaa se penche avant tout sur les interrogations, doutes et espoirs que suscite la modernisation chez les nomades mongols. Comment les adultes peuvent-ils encore faire confiance, sacraliser le chien abandonné par ceux qui partent pour la ville et qui erre parmi les loups ? Comment les enfants peuvent-ils comprendre la méfiance et les recommandations de leurs parents ? De même, elle illustre la difficulté des parents à transmettre à la fois à leurs enfants le goût pour la terre, les croyances ancestrales et l’érudition. Une position délicate, magistralement traitée, qui recquiert l’autorité adéquate pour les préserver des dangers et la souplesse nécessaire pour leur donner très tôt un fort esprit d’indépendance.
[1] Byambasuren Davaa est née en 1971 à Oulan-Bator en Mongolie. Après avoir successivement travaillé comme assistante de réalisation à la télévision nationale, puis étudié le droit international entre 1989 et 1995, la jeune femme se tourne vers le cinéma. Elle suivra d’abord les cours de l’école de cinéma de Mongolie, puis ceux de l’école de Munich de 1999 à 2003
[2] En septembre 2003, lors de la première projection de L’histoire du chameau qui pleure à Oulan-Bator, quelqu’un lui rappelle le conte La cave du chien jaune de Gantuya Lhagva qu’elle avait oublié. Frappée par la force poétique et émotionnelle du récit, elle décide aussitôt d’en faire la base de son prochain film
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vincentho 9 mars 2006
Le chien jaune de Mongolie
Un joli conte mongol ! Une tranche de vie d’une famille nomade mongole en fait, dans les incontournables "steppes mongoles", avec yourtes et compagnie.
Au générique de fin, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une vraie famille (ils portent tous le même nom), ce qui rend le film encore plus attachant. En effet cette famille "d’amateurs" est particulièrement convaincainte (même si, ne parlant pas moi-même couramment leur langue, difficle de savoir s’ils ont le ton juste !). La petite héroïne est tout simplement adorable !
Norman06 22 avril 2009
Le chien jaune de Mongolie
Joli conte pour tous publics. La fraîcheur des personnages et la simplicité du récit distillent un charme certain.